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Après Kyoto, le déluge ?


Les engagements pris par les Etats signataires du protocole de Kyoto -réduire les émissions de gaz à effet de serre de 5%- expireront en 2012. Pour dessiner les contours de l’accord international qui pourrait y succéder, les membres de la commission sur le changement climatique au Parlement et plusieurs experts étaient réunis jeudi dernier. Si tous ont souligné l’urgence de l’action, les approches pour l’après-2012 divergent à Bruxelles, Tokyo, Washington ou Beijing.


Du 3 au 14 décembre prochain, l’ensemble des pays signataires du Protocole de Kyoto sera réuni à Bali : l’occasion de parvenir à un accord international sur ce que devra être le cadre de protection du climat planétaire après 2012.

Réduction des émissions : le temps de l’action

Pour préparer l’échéance de Bali, des experts, députés européens et représentants du Japon, de la Chine, des Etats-Unis ou de l’ONU étaient réunis lors d’une audition au Parlement européen, jeudi dernier. Le constat était unanime : « Le temps n’est pas de notre côté ».

Et pour cause : selon les experts présents, il faudra contenir l’élévation de la température du globe à 2°C si l’on veut pouvoir gérer les conséquences de ce réchauffement. Pour cela, il est nécessaire de fixer un objectif de réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2015, et de 50% pour le monde et 85% pour les pays industrialisés, d’ici 2050. Irréalisable dans ce laps de temps ?

« C’est un problème d’aujourd’hui, pas de demain », a averti John Ashton, le Représentant britannique sur le Changement climatique. « Et nous n’avons pas de bouton « retour » : nous devons y parvenir du premier coup. Car les délais sont dictés par la réponse de la terre aux activités humaines, pas par les humain », a-t-il conclu.

Un avenir sans carbone ?

L’objectif de l’effort international pour le climat doit être de « construire une économie mondiale qui, en matière d'énergie, devrait atteindre, à la fin du siècle, un degré zéro de carbone », a ensuite résumé John Ashton. Pour cela, on estime qu’il faudra investir pas moins de 20 trillions de dollars dans les infrastructures faibles en carbone sur les 30 prochaines années. Un défi que doivent relever ensemble les gouvernements et les industriels.

Le problème clé, a poursuivi John Ashton, « ce n’est pas un manque de bon sens, mais un manque de volonté politique pour mettre en œuvre les mesures indispensables » à la lutte contre le changement climatique.

Les recettes de Tokyo, Beijing et Washington

Les représentants japonais, chinois et américains ont tour à tour pris la parole pour exposer les points de vue de leur pays sur l’après-Kyoto.

Pour l’ambassadeur japonais Takekazu Kawamura, le modèle post-2012 devra être fondé sur 3 principes :

tous les gros émetteurs de gaz à effet de serre doivent signer l’accord,
les solutions doivent être « flexibles et diversifiées »,
il faut réconcilier la protection du climat et la croissance économique.
La réponse du Japon au réchauffement se nomme « Cool Earth 50 » : développer les technologies innovantes et réduire les émissions de 50% d’ici à 2050.

Le représentant de la mission chinoise, lui, a défendu des responsabilités « communes mais différenciées » selon les pays. Ronglai Zhong a ainsi justifié le besoin de transférer les technologies propres vers les pays en voie de développement. Si la Chine a déjà obtenu de « grands succès » selon son représentant, elle va encore restructurer son économie pour limiter les émissions et développer les énergies renouvelables (objectif 16% en 2020).

« On ne fait pas aussi mal que cela est présenté », s’est défendu quant à lui l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’UE, soulignant les dépenses américaines en technologies à énergie propre. Appelant à la mise en place d’instruments financiers innovants, il a noté néanmoins qu’il fallait « mettre le système d’échanges de quota en ordre ». « Nos différences ne sont pas inconciliables », a-t-il conclu.

Le Secrétaire Exécutif de la Convention-cadre onusienne sur le changement climatique, Yvo de Boer, a confirmé que les Etats-Unis avaient « adopté une attitude différente des autres puissances industrielles ». Il a plaidé pour une approche volontariste, avec des engagements nationaux inscrits dans des législations nationales. « Car pour que les entreprises investissent, il faut fixer un cadre politique long, fort et légal », a-t-il conclu.

Une Europe leader en matière de lutte contre le réchauffement

Selon tous les scénarios, l’Europe devra exercer un rôle de leadership, ont affirmé la majorité des orateurs. Ce qui irait aussi dans le sens de la volonté des citoyens européens, qui attendent des engagements fermes en matière énergétique et climatique.

Concluant l’audition, la vice-présidente de la commission Environnement du Parlement, la députée finlandaise Satu Hassi, a résumé ce message commun : « La meilleure façon pour l'Europe d'encourager les autres pays dans les négociations internationales, c'est de passer des paroles aux actes ».

Source : Parlement Européen
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