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La conférence houleuse de Bali sur les changements climatiques


(Les délégués sont néanmoins optimistes quant aux mesures qui ont été adoptées.) (1058)

Par Lea Terhune USINFO Staff Writer

Washington - Les délégués à la conférence des parties à la Convention-cadre des changements climatiques de l'ONU, qui s'est tenue pendant deux semaines à Bali (Indonésie) ont vu plus qu'une querelle internationale sur un document destiné à fixer le rythme des négociations sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur l'adaptation aux changements climatiques. Ils ont aussi pu avoir un aperçu des désaccords politiques entre les délégués officiels des États-Unis et les représentants d'organismes américains de défense de l'environnement.

« Les États-Unis sont résolus à parvenir à un accord pour la période après 2012 qui ralentira les émissions de gaz à effet de serre dans le monde et qui y mettra fin afin d'éviter l'ingérence dangereuse de l'homme dans le système climatique », a déclaré la sous-secrétaire d'État des États-Unis, Mme Paula Dobriansky, lors de la conférence de presse qu'elle a donnée le 13 décembre à Bali. Le protocole de Kyoto, que tous les grands pays industriels à l'exception des États-Unis ont ratifié, arrive à expiration en 2012. Le but de la réunion de Bali était de négocier un nouveau cadre en vue de l'adoption d'un plan d'action.

Les discussions entre les délégués des 190 pays représentés se sont poursuivies tard dans la nuit le 14 décembre, qui était censé être le dernier jour de la conférence, mais le représentant de l'ONU, M. Ivo de Boer, qui était à la tête des discussions, a déclaré que les délégués étaient sur le point de parvenir à un accord et qu'ils n'étaient pas dans une impasse lorsque la réunion a été prolongée d'un jour.

« Les États-Unis font preuve d'une grande souplesse, tentent de tenir compte de la position d'autres pays et sont aussi désireux que les autres pays de veiller à ce que nous parvenions à un accord dont ils feront partie », a déclaré M. de Boer à l'Agence France-Presse en ajoutant que l'on cherchait à élaborer un plan pour l'après-2012 qui soit acceptable aux États-Unis.

Pour sa part, l'ancien vice-président des États-Unis, M. Al Gore, a soutenu que son pays ne faisait pas assez pour obtenir des progrès à Bali. « Mon propre pays, les États-Unis, est le principal responsable de l'absence de progrès à Bali. Nous le savons tous. Mon pays n'est pas cependant le seul qui puisse prendre des mesures pour garantir que nous progresserons et susciterons de l'espoir à Bali », a-t-il dans une salle bondée du site de la conférence. Il était venu directement d'Oslo (Norvège) où il avait reçu le prix Nobel de la paix avec les membres du Groupe intergouvernemental des Nations unies sur l'évolution du climat pour leurs travaux relatifs au réchauffement de notre planète.

Le point de friction pour la délégation des États-Unis avait trait à l'inclusion dans le préambule du projet de document d'une recommandation selon laquelle les pays industriels devraient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40 % en 2020. Le gouvernement Bush est en faveur de réductions volontaires d'émissions de gaz à effet de serre qui accélèrent le réchauffement climatique.

Lors d'une conférence de presse antérieure, Mme Dobriansky a résumé la position des États-Unis en ces termes : « Les changements climatiques dans le monde exigent une approche générale qui englobe les aspects écologique, financier, commercial, économique, social et politique. »

« Dès que des chiffres figurent dans un texte, ils prédéterminent les résultats et ils tendront à orienter les négociations dans une direction donnée », a expliqué un des négociateurs des États-Unis, M. Harlan Watson, en expliquant la position des États-Unis. Le Canada et le Japon partagent également cet avis.

Mme Dobriansky a indiqué que les États-Unis souhaitaient fixer des objectifs et des stratégies efficaces à moyen terme en vue de la réalisation du but à long terme relatif à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Bien qu'ils aient refusé d'adhérer au protocole de Kyoto, les États-Unis encouragent activement et financent des projets internationaux visant à mettre fin au déboisement, à mettre au point et à utiliser des carburants de remplacement qui réduisent les émissions de gaz carbonique, ainsi qu'à encourager les pays en développement à maintenir leurs émissions à un faible niveau. Selon les spécialistes du GIEC, le gaz carbonique est la principale cause du réchauffement climatique.

Les États-Unis, a dit Mme Dobriansky, consacrent quelque 37 milliards de dollars à la recherche de solutions dans ce domaine.

Les changements climatiques constituent un dossier qui figurera dans la prochaine élection présidentielle des États-Unis en novembre 2008 et qui fait partie des débats politiques du pays. La conférence de Bali a attiré plusieurs hommes politiques américains, dont M. John Kerry, sénateur du Massachusetts. Celui-ci figure parmi les 52 parlementaires américains qui ont signé une lettre demandant au gouvernement Bush de cesser de faire opposition à l'incorporation de dispositions soulignant la nécessité d'agir dans le document négocié connu maintenant sous le nom de la feuille de route de Bali. « Les États-Unis, disent les signataires de cette lettre, doivent adopter pour ce qui est des négociations une position (...) qui vise à favoriser de nouveaux progrès et non pas à encourager des délais supplémentaires. »

Le maire de New York, Michael Bloomberg, et des responsables de l'État de la Californie se sont aussi rendus à Bali. La Californie cherche en effet à réduire les émissions de gaz à effet de serre sur son territoire. Le 12 décembre, un tribunal fédéral a confirmé la validité d'une loi californienne adoptée en 2002 et exigeant une réduction de 30 % des gaz d'échappement des automobiles en 2016.

Par ailleurs, le Congrès examine à l'heure actuelle une proposition de loi exigeant que les automobiles et les poids lourds consomment moins de carburant.

À Bali, les délégués à la conférence ont négocié la suppression des obstacles à l'adoption d'une feuille de route susceptible de guider les États à relever le « défi moral de notre génération », a dit le secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon. « Le temps des équivoques est révolu, a-t-il souligné. Les données scientifiques sont claires. Les changements climatiques ont bien lieu. Leurs conséquences sont bien réelles. Il est temps d'agir dès maintenant. »

Pour sa part, Mme Dobriansky a déclaré que les États-Unis étaient résolus à agir : « Nous voulons que l'on parvienne à un consensus et nous voulons une vision commune. Je pense qu'il existe une grande détermination à y parvenir. »

Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://usinfo.state.gov/fr/

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