Les piles rechargeables, un moindre mal.
La première étude comparative entre piles jetables et rechargeables, sortie en novembre, montre que ces dernières ont un impact environnemental moindre. Il s'agirait cependant d'une fausse solution pour les écologistes, qui préconisent de diminuer l'utilisation de toutes les sortes de piles. La question de leur recyclage n'est en effet pas résolue alors que près de deux piles sur trois finissent dans les ordures ménagères ou, pire, dans la nature.« Remplacer toutes les piles jetables par des rechargeables, ça permettrait d'économiser l'énergie d'une ville de 100000 habitants ». C'est l'argument que répète Christophe Gurtner, président-directeur général d'Uniross, leader européen des batteries rechargeables. L'entreprise a présenté en novembre les résultats d'une étude, commandée au Bio Intelligence Service, concernant l'impact environnemental comparé des piles rechargeables et jetables. Le résultat, attendu, est néanmoins sans appel. Pour produire une même quantité d'énergie, la pile rechargeable a 28 fois moins d'impact potentiel sur le réchauffement climatique. Certes, l'accumulateur est un moindre mal, mais la pile en fin de vie reste un déchet polluant, donc à éviter, d'après plusieurs ONG.
Les premiers accumulateurs,également appelés piles rechargeables, sont apparus à la fin des années 60. Etonnant, donc, d'avoir attendu 40 ans pour voir sortir la première étude comparative entre piles rechargeables et jetables. La démarche est évidemment motivée par l'importance croissant que prennent les impacts environnementaux des produits. « Il n'est pas facile de commenter l'étude, étant donné les enjeux du secteur » avoue Christophe Gurtner. En 2005, plus d'un milliard de piles ont été mises sur le marché en France, soit 14% de plus qu'en 2004. La progression pour les accumulateurs s'élevait à 20%, avec plus de 81 millions de pièces vendues. Partout dans le monde, le marché du rechargeable est en progression. Pour Uniross, qui est spécialisé dans les énergies rechargeables depuis sa création en 1968, les résultats de l'étude tombent à point nommé. « On peut enfin dire que notreproduit est?vert?» explique Christophe Gurtner.
Réalisée par le Bio Intelligence Service, centre français d'études et de conseil environnemental, financée en partie par l'ADEME, l'étude a été revue par l'institut Fraunhofer, un organisme de recherche allemand dont l'expertise scientifique est mondialement reconnue. Il s'agit d'une analysede cycle de vie comparative entre une pile alcaline jetable et un accumulateur Ni-MH et son chargeur. Elle prend donc en compte toutes les étapes de vie des piles, de la production au traitement de fin de vie. Onze critères environnementaux ont été pris en compte, et cinq ont été privilégiéscar considérés comme les plus significatifs. En conclusion, l'étude montre que, pour 1 kWh d'énergie produite, les accumulateurs ont « 23 fois moins d'impact potentiel sur les ressources naturelles non renouvelables, 28 fois moins d'impact potentiel sur le réchauffement climatique, 30 fois moins d'impact potentiel sur la pollution de l'air (pollution à l'ozone), 9 fois moins d'impact potentiel sur l'acidification de l'air, et 12 fois moins d'impact potentiel sur la pollution de l'eau ».
Toujours des métaux lourds
Uniross est soutenu par le WWF dans la promotion des piles rechargeables. Un argument important reste le fait que les accumulateurs permettent de diminuer la quantité de piles en fin de vie chaque année, puisqu'une pile rechargeable peut remplacer jusqu'à 1000 piles jetables. Certes, mais qu'elles soient rechargeables ou non, les piles contiennent toujours plus ou moins de métaux lourds. Les accumulateurs Ni-Cd, exclus de l'étude, sont gorgés de cadmium,une substance cancérogène et toxique pour l'environnement. C'est ce que dénoncent plusieurs ONG : promouvoir les accumulateurs, c'est déplacer le problème, et oublier que toutes les piles sont potentiellement dangereuses pour l'environnement. Dans le cadre de leur campagne « Stop aux piles ! », les Amis de la Terre rappellent qu'en France, on note un taux de collecte « très largement insuffisant si l'on considère le fait que les piles et accumulateurs sont parmi les déchets les plus polluants de nos poubelles ». L'Observatoire des piles et accumulateurs, dans son rapport de 2005, précise cependant que le taux de 33,4% atteint en 2005 correspond à l'objectif fixé par la directive européenne, même si la progression des quantités collectées est en fort ralentissement.
Lors de leur production, les piles exigent beaucoup d'énergie, parfois plus que celle qu'elles fourniront au cours de leur vie. Mais c'est lors de leur recyclage qu'elles coûtent le plus cher. C'est ce que montre une étude, datée de 2005, de la Direction des études économiques et de l'évaluation environnementale (D4E) du Ministère de l'écologie. « L'analyse coûts-avantages montre qu'il n'est pas justifié économiquement de collecter sélectivement et de recycler les piles et accumulateurs » à l'exception de certaines catégories de piles, explique le rapport. La première réglementation européenne du 18 mars 1991 n'imposait que lacollecte sélective des piles et accumulateurs contenant du mercure, du cadmium ou du plomb, conclusions en accord avec celles du D4E. L'étude va jusqu'à considérer qu'il serait « préférable de laisser les accumulateurs Ni-MH dans le flux des ordures ménagères ». Il est aujourd'hui nécessaire d'informer sur la collecte des piles dans les containers de recyclage. Faudrait-il demain informer les citoyens sur le tri entre piles à recycler et piles à jeter ?
Source :http://www.novethic.fr
Rouba Naaman
Mis en ligne le : 05/12/2007
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