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Après la sécheresse, le froid…


Manifestation des bouleversements climatiques ou caprice des temps, une vague de froid sans précédent vient de frapper le sud du pays. D'Ali-Sabieh à Loyada en passant par Assamo, le froid fait parler de lui. En mal. Ce sont les populations des zones rurales et leurs cheptels qui sont les plus touchés. Le bétail a été particulièrement décimé à Oboleey et Kudaaley où le froid s'est montré le plus impitoyable, tuant les bêtes par dizaines, apportant son cortège habituel de maladies : paludisme, bronchite, diarrhée etc. Dans ce cas, difficile de s'en sortir pour les plus vulnérables, femmes et enfants en tête, dont le quotidien, déjà fort précaire car marqué par de longues années de rude sécheresse, a basculé de nouveau. Dans la souffrance et la désolation.

De l'avis de Rayaleh, malheureux berger dont le troupeau a été en partie emporté par un défilé de nuits exceptionnellement glaciales, de mémoire de nomade, jamais un tel phénomène n'a été observé dans son campement.

" Vous savez, le froid est le principal ennemi des chèvres qui ne peuvent guère lui résister à cause de leur peau. Comme elles formaient plus de la moitié de mon cheptel, c'est le désastre chez moi ", affirme t-il tristement. Se ramassant lentement de l'intérieur obscur de son toukoul, Mariam, son épouse, prévient : les effets du froid peuvent être plus dévastateurs qu'on ne le croit car nos populations manquent actuellement de tout : nourriture, couvertures, médicaments… ".

Ce triste constat, Mariam le partage avec tous les nomades des campements environnants. Ensemble, ils viennent de demander de l'aide aux autorités compétentes. " La réponse ne tardera pas à venir, j'en suis sûre ", dit-elle, confiante. Apparemment peu intéressé par le discours de sa femme, guettant sans cesse dans le ciel l'étoile du berger, Rayaleh prétend quant à lui, et non sans une pointe de fierté, avoir trouvé une explication à cette calamité. Pour lui, il n'y a guère de doutes. L'égoïsme de ses semblables a atteint aujourd'hui des proportions très graves. La preuve ? Rien n'a été sacrifié aux ancêtres au cours de ces trois dernières années. Se sentant ainsi insultés, ceux-ci ont naturellement décidé de réagir.

Qu'on vienne parler de changements climatiques à ce pauvre berger au long poignard, et il vous sortira un vieil adage : " Toute tradition pervertie vaut la colère de Dieu ".

Décidément, les croyances de ce genre ont la vie dure. Rien, ni personne n'en viendra peut-être à bout. Pas même la sécheresse. Pas même le froid.


KASSIM ABDILLAHI WAISS
JEUNE DJIBOUTIEN
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