Mediaterre

   

Les matières premières (partie 2)


Suite de l'article "Matières premières (partie 1)" http://www.mediaterre.org/jeunes/actu,20080307170626.html

À présent que le constat de cette augmentation impressionnante du prix des matières premières est fait, il convient de s’interroger sur son origine; car c’est seulement en comprenant l’origine du problème que l’on arrivera à le combattre. Cette lutte n’est pas une simple volonté de voir les prix baisser, mais c’est surtout une obligation morale vis-à-vis de certains pays du Monde dans lesquels le risque de famine augmente de manière proportionnelle au coût de ces denrées de première nécessité.

Les raisons de la hausse :

Bien qu’il y ait de nombreux facteurs liés à cette hausse, nous nous focaliserons essentiellement sur les trois principaux. Tout d’abord, la “destruction” des terres arables, la concurrence qu’engendre la production d’agrocarburants dans un deuxième temps et aussi l’augmentation importante de la demande mondiale en matières premières agricoles.

Faut-il le rappeler, mais sur Terre, la surface cultivable offerte à l’Homme est limitée. Mais aussi et surtout en plus d’être limitée, elle a tendance à disparaître au gré des activités humaines telles que la surexploitation des sols, ou l’extension des zones urbaines. Ces deux contraintes cumulées entraînent la disparition d’importantes zones agricoles. Pour illustrer cette destruction des sols, on peut prendre l’exemple bien connu de la mer d’Aral et des terres environnantes qui à force d’avoir été surexploitées (sous l’ère soviétique pour la production du coton) se sont recouvertes de sel et sont tout simplement devenues stériles. Ou de manière plus historique, on peut prendre l’exemple de la Mésopotamie, grande civilisation vivant entre le Tigre et l’Euphrate (actuel Irak) qui disparut du fait de l’excessive salinité des sols causée par une sur-irrigation. La Terre est fragile, les sols le sont encore plus.
Deuxième raison de cette hausse, l’augmentation mondiale de la production d’agrocarburants. Avec l’augmentation de la valeur du baril de pétrole (aux alentours de 100 $), ce que l’on appelait auparavant les “biocarburants” sont devenus rentables pour les agriculteurs ou certains pays exportateurs qui se sont empressés d’en produire. Le principe reste cependant le même, la surface arable terrestre reste limitée, et donc si deux cultures l’une nourricière et l’autre pour les transports se font concurrence il s'ensuivra une augmentation nette du prix de la moins chère des deux, en l'occurrence de la culture nourricière. Ce phénomène de concurrence sur les sols arables terrestres est l’une des principales raisons de la hausse des matières premières agricoles. Il convient alors de se demander si nous sommes prêts à sacrifier notre alimentation pour pouvoir continuer à utiliser nos véhicules personnels, premier consommateur mondial de carburant… Manger ou conduire, il faut choisir !
Enfin et dans un dernier temps, avec l’augmentation du niveau de vie dans certains pays du Monde, tels que l’Inde, le Brésil et la Chine, la pression sur l’offre s’est faite encore plus importante du fait de la quasi explosion de la demande de ces pays. Ce dernier phénomène est le moins condamnable de tous, on ne peut reprocher à un peuple de vouloir se développer et d’accéder à une nourriture saine et équilibrée (protéines, glucides, lipides et autres).

Notre impact sur l’augmentation du prix des matières premières agricoles est clair. Que ce soit par notre mode de vie ou de consommation, nous avons une importante responsabilité dans le phénomène. Mais, faut-il encore le rappeler, cette hausse bien qu’elle concerne également les pays du “Nord” du fait de la baisse du pouvoir d’achat concerne essentiellement les pays du “Sud” qui eux ne risquent pas d’être menacés par une baisse du pouvoir d’achat mais par des famines bien réelles qui auront des conséquences humaines bien plus graves et tragiques.
Partagez
Donnez votre avis

Conception & Réalisation : CIRIDD - © 2002-2024 Médiaterre V4.0