La Biodiversité agricole et les ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture
Le thème de la biodiversité agricole constitue l’une des questions auxquelles un examen approfondi est consacré lors de la neuvième session de la Conférence des Parties (CdP) à la Convention sur la Diversité Biologique, tenu à Bonn, du 19 au 30 mai 2008.
La biodiversité agricole, au sens large, représente la variété et la variabilité des animaux, des plantes et des micro-organismes qui sont utilisés directement ou indirectement pour la nourriture et l'agriculture, y compris les cultures, les animaux d'élevage, la forêt et la pêche. Elle comprend la diversité des ressources génétiques (variétés, races animales) et des espèces utilisées pour la nourriture, le fourrage, les fibres, le combustible et les produits pharmaceutiques. Elle inclut également la diversité des espèces non récoltées qui aident à la production (les microorganismes du sol, les prédateurs et les pollinisateurs) et celles que l'on trouve dans un environnement plus vaste qui soutiennent les écosystèmes (agricoles, pastorales, forestiers et aquatiques) et participent à leur diversité (FAO, 1999).
La particularité de la biodiversité agricole réside dans le fait que la diversité génétique qu’on trouve chez les animaux et les plantes domestiqués est numériquement insignifiante, comparativement à la diversité qu’on trouve dans la nature. Bien que la proportion des espèces domestiquées ne soit que d’environ une sur dix mille espèces vivantes, c’est de ce petit sous-ensemble d’organismes que dépend l’avenir de la production alimentaire mondiale.
Depuis des millénaires, les éleveurs et les agriculteurs ont développé et maintenu une grande diversité de races animales et de variétés végétales grâce à des croisements et sélections accidentels et délibérés. Ainsi, les humains sont à l’origine d’un extraordinaire accroissement de la variation intra-spécifique de certains animaux et de certaines plantes.
La domestication des animaux sauvages et des plantes a commencé il y a quelque 10 000 ans. L’interaction entre les variétés domestiques et leurs espèces sauvages apparentées a constitué l’une des caractéristiques des méthodes de culture traditionnelles. Ces cycles d’hybridation naturelle et d’introgression ont, avec le temps, fait augmenter la diversité génétique qui s’offre aux producteurs.
Cependant, si on considère seulement le nombre d’espèces domestiquées pour l’alimentation et l’agriculture, la diversité génétique qu’on trouve chez les animaux et les plantes domestiqués est numériquement insignifiante, comparativement à la diversité qu’on trouve dans la nature, la proportion est estimée à environ une espèces domestiquées pour dix mille espèces vivantes, portant, c’est de ce petit sous-ensemble d’organismes que dépend l’avenir de la production alimentaire mondiale. Ainsi, pour les espèces végétales, la sécurité alimentaire ne repose que sur une vingtaine de plantes cultivées: avoine, arachides, banane, froment / blé, haricot, igname, maïs, manioc / cassave, millet, orge, palmier oléagineux, pois, patate douce, pommes de terre, raves, riz, seigle, soja, sorgho et plantes sucrières.
La diversité variétale générée par des mécanismes impliquant les pratiques culturales et les techniques traditionnelles de culture, correspond aux besoins et préférences des agriculteurs et aux exigences des consommateurs. De nombreux facteurs soci -économiques, environnementaux, biologiques et culturaux influent sur les décisions des agriculteurs quant à la sélection ou au maintien d’une variété particulière à un temps donné. Par conséquent, au fil du temps, les fermiers modifient progressivement la structure génétique des populations cultivées, en sélectionnant des plantes présentant des caractères préférés. Progressivement, les populations locales ou variétés de ‘pays’ acquièrent des caractéristiques d’adaptation spécifiques aux zones de leur culture tels que la tolérance à de nombreux stress biotiques et abiotiques inhérents à ces zones (tolérance à la sécheresse, au froid, à la salinité, maladies, etc.). Par leurs actions de maintien des variétés et races locales, les agriculteurs sont les garants de la conservation de la diversité, notamment dans les zones marginales où l’accès aux nouvelles variétés améliorées est limité.
La diversité génétique des systèmes agricoles est de plus en plus menacée par de nombreux facteurs de l’érosion génétique. Des pressions croissantes pèsent sur les petits agriculteurs conservateurs de la diversité biologique agricole sous forme de variétés végétales et de races animales locales. La dégradation de l’environnement, l’introduction de variétés modernes et la gestion inappropriée des terres arables, ont largement contribué à l’érosion des ressources génétiques végétales et animales, ainsi que du savoir local qui leur est associé.
L’utilisation des ressources génétiques des plantes pour l’agriculture et l’alimentation est la principale justification pour leur conservation, aussi bien ex situ (en banques de gènes), qu’in situ (à la ferme). L’utilisation rationnelle des ressources génétiques est une composante essentielle du développement durable. De ce fait, l’adhésion des agriculteurs aux actions de sauvegarde des ressources génétiques est cruciale. Afin d’assurer la participation des agriculteurs dans les programmes de conservation, les ressources génétiques doivent être compétitives par rapport aux autres options disponibles pour les agriculteurs et doivent pouvoir contribuer à l’augmentation du revenu des exploitations.
La FAO a mené la revue de l’état de la diversité biologique mondiale pour l’alimentation et l’agriculture, en particulier, cette Organisation des Nations Unis met à jour actuellement l’état des ressources phytogénétiques dans le monde, et a lancé récemment l’état des ressources zoogénétiques dans le monde, ainsi que des travaux préparatoires de l’état des ressources génétiques forestières, des ressources génétiques aquatiques dans le monde et d’autres examens de l’état et des tendances des micro-organismes et des invertébrés pour l’alimentation et l’agriculture. Par ailleurs, le Traité international sur les Ressources Phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, qui a été négocié au sein de la FAO, représente l’un des premiers accords internationaux qui sont entrés en vigueur, avec comme objectifs la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation en harmonie avec la Convention sur la diversité biologique, pour une agriculture durable et pour la sécurité alimentaire.
L’OSASTT (Organe Subsidiaire chargé de fournir des Avis Scientifiques, Technique et Technologiques) a recommandé à la CdP9 de préparer un plan de travail conjoint entre la CDB et la FAO sur la question de la diversité biologique pour l’alimentation et l’agriculture, auquel collaborera la Commission sur les ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Ce plan aiderait les pays à respecter les mêmes exigences dans leurs rapports et faciliterait le dialogue entre les milieux de l’environnement et de l’agriculture, tant à l’échelle internationale que nationale.
D’autre part, l’OSASTT recommande à la CdP de demander au secrétaire exécutif de collaborer avec la FAO afin d’opérationnaliser les principes et les directives d’Addis-Abeba pour l’utilisation durable de la biodiversité, surtout en harmonisant les objectifs de sécurité alimentaire et de développement économique aux besoins de durabilité et d’adaptation aux changements environnementaux et socioéconomiques. Ces derniers incluent les changements démographiques et climatiques. La CdP devrait également promouvoir des pratiques exemplaires, tirées des expériences passées, notamment en renforçant les capacités et en diffusant des études de cas.
Un groupe d’amis du Présidente a été établi à la CdP9, présidé par Linus Spencer Thomas (Grenade) pour avancer les discussions du projet de décision sur la biodiversité agricole.
[COP9-MOP4]
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