Au 20 ème siècle, le développement économique et l'urbanisation mondiale ont conduit à multiplier les usages de l'eau ; puis l'eau s'est retrouvée au coeur des politiques d'environnement, donnant lieu à des innovations économiques et institutionnelles. Depuis une quinzaine d'années, elle fait l'objet d'un débat médiatique assez vif qui ne contribue guère à clarifier les différents enjeux de régulation de ses usages. Prenant le relais de la critique écologique, les néo-libéraux ont remis en cause les politiques de subvention indirecte au développement par le biais de l'hydraulique, et certains ont même défendu la privatisation et le " marché " de l'eau. Leurs opposants parlent d'or bleu et demandent à ce qu'elle soit considérée comme un bien public mondial. Ni les uns ni les autres ne distinguent l'eau dans la nature - une ressource naturelle renouvelable - et l'eau " de la ville " - à savoir le service public d'eau potable (et d'assainissement). Faute d'une analyse en profondeur sur les usages, les dimensions socio-économiques et les institutions, le débat public mondial ou national relayé par les médias est marqué par de grandes peurs sur fond d'amalgames.
Face à cette situation, Espaces et Sociétés souhaite que les chercheurs en sciences sociales interviennent. Pourtant, en sciences sociales, l'eau n'a en général pas constitué un objet d'étude très légitime, du moins pas autant que d'autres sujets mieux ancrés dans les approches disciplinaires. Dans les pays développés, où l'eau du robinet est partout, on ne sait pas ce que font les gens avec elle, mais on est surpris de constater une baisse récente des volumes consommés dans de nombreuses villes. Dans les pays en développement, on n'arrive pas à donner accès au service aux démunis, et on ne sait pas non plus que faire au-delà de la réaffirmation des slogans.
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