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Un envahisseur nommé " Prosopis Chilensis "


Environnement

Un envahisseur nommé " Prosopis Chilensis " 

Même si la 3ème rencontre du réseau régional de la Corne de l'Afrique a porté sur l'eau,  les participants ne sont pas près d'oublier cet arbuste que l'association Djibouti Nature (point focal du réseau) a présenté comme étant un dangereux envahisseur dont toutes les conséquences sur l'environnement ne sont pas encore connues. Il  s'agit bien sûr  du prosopis " Chilensis ".

Prosopis Chilensis. C'est le nom savant de cette plante qui est en train de coloniser toutes nos plaines. Au sud comme au nord du pays. Cet arbuste envahissant a été introduit selon le présentateur par le colonisateur pour "meubler " les espaces désertiques.  Les conséquences du geste sont incalculables. Deux décennies ont suffi pour que son expansion menace les nomades et les petites exploitations maraîchères. Toutes les plaines du pays en sont infestées. L'expansion est accélérée par l'action humaine (volonté de stopper l'avancée du désert notamment à Hanlé) et par l'action de la nature. Les graines, riches en vitamines, sont indigestes pour le bétail à cause de la gaine qui les enveloppe. Rejetées dans la nature, elles germent et donnent de nouvelles pousses qui grandissent rapidement (3m de hauteur en une année). Une forêt impénétrable et verte toute l'année prend la place de nos bons vieux acacias. Justement, la disparition de l'acacia dans nos plaines inquiète les spécialistes de la biodiversité. Pourquoi ?

Contrairement à l'acacia qui se trouve dans son milieu, le Prosopis appelé - langue locale en somali "garan-wa"(inconnu), ou "dat caxa" en afar (la plante foncée, en raison du vert foncé qui caractérise la plante) - est originaire d'Amérique latine. L'espèce qui peuple nos plaines a été importée du Chili, d'où son appellation prosopis chilensis. Ses capacités d'adaptation sont telles que la plante chilienne colonise nos  plaines arides à une vitesse déconcertante. Ses racines sont denses et étouffent celles des autres plantes au point que toute autre végétation est malvenue dans son secteur. Il constitue un péril à la biodiversité dans un écosystème comme le nôtre déjà sous pression avec une sécheresse récurrente.

Sa prolifération est visible dans la zone de Douda, à l'entrée de Tadjourah où le couloir de bitume fait penser à une forêt amazonienne, ou encore  dans la plaine de Hanlé, à l'intérieur des terres.

L'exposé a suscité une réaction vive de la part des participants. Tous les pays de la Corne sont victimes de cette invasion et les moyens de son éradication sont tant recherchés dans toute la région. A Djibouti, deux associations (Djibouti Nature et Decan) se sont associées pour en abattre le maximum et d'en faire du charbon de bois dans le cadre d' un projet pilote financé par Shell, l'ambassade du Pays Bas et le Pnud. Il faut souligner que le gouvernement, dans sa stratégie de lutte contre la pauvreté (INDS) est en train d'expérimenter son utilisation dans la fabrication des aliments pour le bétail. Pour les participants qui avaient soif de partager leurs stratégies, le représentant a informé les participants que son pays avait initié un projet consistant à transformer ses graines en farine pour la nourriture humaine. Quant à l'Ethiopie, elle a fait part de ses essais pour l'utilisation comme biocarburant......Autant d'idées et d'initiatives pour maîtriser et stopper la prolifération de cet arbuste qui envahit aussi les terres arables du Kenya, de l'Ethiopie, du Somaliland et du Soudan.

Une lutte commune est à envisager et le secrétariat du réseau reste sensible à cette doléance régionale. Tout laisse à penser que le prosopis sera le thème de la prochaine rencontre. En tout cas, le phénomène mérite qu'on s'en occupe sérieusement.

MAAS

 

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