Les deux premiers ateliers de formation sur la négociation en matière d'Accès et de partage des avantages issus de l'exploitation des ressources génétiques (APA) ont été tenus à Tunis, Tunisie, du 8 au 10 octobre et du 13 au 15 octobre 2008. Ces atelier s'inscrivent dans le cadre de l'Initiative de Renforcement des Capacités en Matière d'APA en Afrique. Rappelons que cette Initiative vise à (i) sensibiliser davantage les décideurs politiques et législateurs africains aux questions liées à l'APA ; (ii) encourager le dialogue et une participation significative de toutes les parties prenantes à toutes les étapes de la négociation, du développement et de la mise en oeuvre de la réglementation de l'APA - aux niveaux international, national et local; (iii) améliorer la coopération régionale entre les pays africains en matière d'APA ; (iv) soutenir le développement de partenariats équitables avec le secteur privé.

Dans le but de favoriser l'intégration des pays africains francophones aux activités de renforcement des capacités pour l'APA, l'IEPF est devenu en 2008 un partenaire permanent de l'Initiative, aux côtés de la DGIS (Direction générale de la coopération internationale, Pays-Bas) et du programme GTZ-BIODIV, mis en oeuvre par la GTZ  sous mandat du Ministère Fédéral Allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ).

Le développement des compétences de négociation est l'une des questions centrales du Plan d'action de la CDB pour le renforcement des capacités liées à la question d'APA, adopté lors de la septième CdP en février 2004. Il constitue également une composante importante de l'Initiative de renforcement des capacités APA en Afrique.

Les deux ateliers de formation sur la négociation ont été hébergés par le Centre International des Technologies de l'Environnement de Tunis (CITET), à raison de seize participants par atelier. Ce nombre de participants est optimisé afin de réussir la formation conçue entièrement de manière interactive. Les 32 participants qui ont ainsi bénéficié de la formation proviennent des pays francophones d'Afrique de l'Ouest, du Maghreb et de l'Océan Indien (Algérie, Bénin, Burkina Faso, Comores, Côte d'Ivoire, Guinée, Ile Maurice, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Togo, Tunisie). Selon les cas, il s'agit de Points focaux nationaux APA, de représentants des autorités nationales compétentes en matière d'APA, de négociateurs des groupes de travail APA, de représentants d'ONG locales, nationales et régionales, de représentants d'institutions nationales de recherche - développement ou du secteur privé. En vue de mieux assurer le transfert de compétences au niveau des pays, quatre participants au premier atelier (8-10 octobre 2008) ont reçu une préparation accélérée durant les journées du 11 et 12 octobre, afin de contribuer en tant que co-modérateurs au second atelier. Ces co-facilitateurs sont répartis entre les trois zones francophones d'Afrique de l'Ouest, du Maghreb et de l'Océan Indien.

L'ouverture des ateliers a eu lieu en présence des représentants de la GTZ, du CITET et de l'IEPF. Madame Josée Cerone a prononcé un mot de bienvenue au nom de l'IEPF. Elle a rappelé les fondements des programmes de l'Institut en matière de renforcements des capacités des pays francophones en développement, notamment pour faciliter la participation aux négociations internationales actuelles et futures de la Convention sur la diversité biologique, qui devra se prononcer sur un régime international en matière d'APA. Madame Cerone a mis l'accent sur la complexité des processus de négociation et la nécessité de bien comprendre les enjeux du dossier de l'APA, d'être capable de présenter sa positon et ses propres intérêts de manière constructive et claire, et de saisir avec précision les intérêts respectifs des différentes parties prenantes. Dans ce contexte, les compétences de négociation à développer doivent être constructives, et permettre d'aboutir à des solutions acceptables par tous les acteurs, dans le respect des différences de chacun d'entre eux.

La formation a été modérée par Mr Michael Detscmer, avec la contribution des co-facilitateurs lors du second atelier (13-15 octobre 2008). Elle a été basée sur la méthode Harvard. Ce concept de négociation est utilisé à la fois dans le domaine politique et dans des situations de négociation bilatérale et multilatérale de la vie professionnelle et quotidienne. La formation a couvert différents volets, parmi lesquels :

• évaluer son propre style de négociation ;
• maitriser la communication pour réussir une négociation ;
• éviter les situations où les parties " marchandent " leur position ;
• séparer entre les personnes et l'objet du différend ;
• analyser ses propres intérêts et ceux des autres parties ;
• créer de nouvelles options et s'en servir ;
• utiliser des critères objectifs ;
• élaborer la meilleure solution de rechange (Mesore) ;
• négocier en délégation : préparation d'une stratégie de négociation, partage des rôles au cours de simulations, analyse des dynamiques de la négociation multilatérale, etc.

Les éléments de la formation ont été approchés de manière dynamique, au moyen de divers outils, comprenant de brefs cours interactifs et débats à partir de matériel visuel; des applications concrètes et des exercices de simulation en groupe sur des situations de négociation à complexité croissante, bilatérale et multilatérale. Ces situations portent principalement sur la négociation de contrats de bio- prospection et de partage des avantages issus de l'exploitation des ressources génétiques, entre des parties prenantes de différents horizons (international, national et local). A l'issue des exercices de simulation, l'appréciation de la méthode Harvard a été effectuée et discutée en groupe par les participants selon quatre dimensions : forces, faiblesses, dangers potentiels, opportunités offertes. Un condensé de cours a été distribué pour accompagner la formation.

L'évaluation des ateliers par les participants a porté sur (i) la pertinence et le degré d'applicabilité des méthodes apprises lors de la formation (ii) la manière et le style de travail de l'atelier, (iii) la facilitation, (iv) l'atmosphère et (v) l'organisation. Les résultats analysés en groupe ont démontré l'appréciation hautement positive des toutes ces composantes par les participants. Certaines suggestions ont porté sur l'allongement de la durée de l'atelier et sur la possibilité d'amélioration de quelques éléments ayant trait à l'organisation.

La clôture de chacun des deux ateliers a été marquée par la distribution des certificats aux participants, en présence des représentants de la GTZ, du CITET et de l'IEPF, qui ont échangé des mots de remerciements et mis en relief les perspectives ouvertes par cette formation en matière de coopération Nord-Sud et Sud -Sud.