La Conférence méditerranéenne préparatoire au 5ème Forum Mondial de l'Eau qui se tiendra du 16 au 22 mars 2009 à Istanbul, s'est ouverte jeudi 15 Janvier à Tunis.
Plus de 60 représentants de pays méditerranéens prendront part à cette rencontre, ainsi que les structures régionales en charge de l'eau, à l'instar de la société internationale de l'eau en méditerranée, l'institut méditerranéen de l'eau et le programme des nations-unies sur l'environnement et le réseau euro-méditerranéen des organismes et structures.
Présidant les travaux de la conférence, M. Nadhir Hamada, ministre de l'environnement et du développement durable, a indiqué que cette manifestation représente, une nouvelle opportunité pour une concertation élargie et une mobilisation internationale et régionale plus résolue, en vue d'apporter les réponses permettant de faire face à la raréfaction de l'eau dans notre espace méditerranéen.
L'engagement résolu de la Tunisie pour la protection de l'environnement, a t-il précisé, et la promotion du cadre de vie dans toutes les régions a permis, en l'espace de deux décennies, d'enregistrer des résultats probants.
Ces résultats, selon le ministre, se sont traduits, notamment, par une nette réduction des coûts de la dégradation de l'environnement, dont le taux estimé par la Banque Mondiale en 2004, ne dépasse pas 2,1 pc du PIB annuellement, en témoignage de l'effort considérable engagé en Tunisie pour la mise en place d'un cadre institutionnel et législatif solide, l'investissement dans le capital humain, et la mise en place de mesures d'incitations économiques pour la réduction de la pollution.
Le ministre a relevé que la raréfaction des ressources hydrauliques constitue l'un des principaux défis qui risquent d'entraver les efforts de la plupart des pays, en vue d'assurer un développement agricole soutenu et une sécurité alimentaire durable.
Quatre vingt pays à travers le monde, où se concentrent 40 pc de la population mondiale, a t-il poursuivi, connaissent déjà une pénurie d'eau. Un milliard d'individus n'ont pas accès à l'eau potable, alors que 1,7 milliard ne disposent pas d'installations sanitaires.
D'autre part, selon les Nations Unies, l'eau polluée est responsable de 80 pc des maladies transmissibles dans les pays en développement, et cause la mort de 10 millions de personnes chaque année.
Dans la région de la Méditerranée, les prélèvements, en eaux dans de nombreux pays approchent le niveau limite des ressources disponibles, et des pénuries d'eau, conjoncturelles ou structurelles sont constatées.
Les approvisionnements en eau sont fragilisés dans plusieurs de ces pays à cause de la surexploitation d'une partie des eaux souterraines renouvelables et de l'exploitation de ressources non renouvelables, dont les eaux fossiles.
En 2025, 63 millions de personnes souffriront de la pénurie de l'eau alors que la demande ira en augmentant et les pressions s'accroîtront de façon sensible au Sud et à l'Est de la région méditerranéenne.
La Tunisie, a affirmé le ministre, a opté pour une approche basée sur la rationalisation de l'exploitation, la gestion et l'optimisation de la demande et le recours aux ressources non conventionnelles, à l'instar des eaux usées traitées
A cet effet, la première stratégie décennale de mobilisation des ressources hydriques (1990-2001) a porté sur la réalisation de 21 barrages qui ont permis de mobiliser 740 millions de mètres cubes par an.
La deuxième stratégie décennale de mobilisation des ressources hydriques (2002-2011) porte, pour sa part, sur la réalisation de 11 grands barrages supplémentaires d'une capacité globale de 350 millions de mètres cubes, ce qui permettra, à l'horizon de 2011, de porter à 95 pc le taux de mobilisation des ressources hydriques.
La Tunisie s'étant engagée depuis 1995 dans une stratégie nationale d'économie d'eau, la demande en eau d'irrigation a pu être stabilisée depuis l'année 2000.
M.Hamada a relevé que le pays s'est, aussi, orienté vers la valorisation des eaux non conventionnelles, telles que les eaux usées traitées pouvant être valorisées dans les secteurs agricole, industriel et touristique et pour l'alimentation des nappes phréatiques menacées par la surexploitation et la salinisation, ainsi que pour pallier au phénomène d'évaporation.
A cet effet, un programme de valorisation, de réutilisation et de transfert des eaux usées traitées a été élaboré, avec le concours du ministère de l'agriculture et des ressources hydrauliques.
Ce programme permettra la valorisation d'environ 40 pc (pour une capacité annuelle de 70 millions de m3) des eaux usées traitées produites dans les stations du Grand Tunis, leur transfert et leur réutilisation pour la promotion de cultures fourragères et céréalières sur une superficie qui avoisine, à moyen et long termes, les 33 mille ha dans les gouvernorats de Kairouan, de Sousse et de Zaghouan.
Ce programme nécessitera, toutefois, la mobilisation d'importants investissements permettant le transfert d'environ 130 millions m3 par an à l'horizon 2021.
En Méditerranée, le ministre a avancé que les précipitations vont diminuer de manière substantielle dans les régions méditerranéennes de l'Europe, de l'Afrique du Nord et du Proche orient.
Le Nord de la méditerranée subira, quant à lui, une réduction moyenne de l'ordre de 50 mm/an alors que le Sud, déjà aride ou semi-aride, connaîtra une réduction de l'ordre de 25 mm/an.
Face à ces menaces, tous les pays sont appelés, a t-il souligné, à adopter des mesures favorisant les économies d'eau et l'utilisation rationnelle de cette ressource.
Des programmes spécifiques devraient être mis en place à tous les niveaux pour améliorer la qualité de l'eau et faire face à l'impact de la sécheresse sur l'eau potable, l'agriculture, les forêts et les réseaux de transport fluvial.
La conférence va traiter de thèmes relatifs à "la rationalisation de la gestion dans le domaine de l'eau", "l'eau et l'adaptation aux changements climatiques" et "le financement et la gestion de la demande en matière de ressources hydrauliques".
Les expériences en matière de gestion de l'eau des pays participants seront également présentées à cette occasion.
Les participants prendront connaissance de l'initiative méditerranéenne qui sera présentée au cours du forum d'Istanbul et laquelle se focalisera sur l'eau et le littoral méditerranéen sur les plans économique, social, environnemental et politique ainsi que sur la stratégie régionale future sur l'eau dans le pourtour méditerranéen.
A l'issue de la conférence de Tunis, un document de travail comprenant des propositions et des recommandations devrait être produit permettant de mieux encadrer l'initiative méditerranéenne.
Par Bassem SAADALLAOUI, Jeune Reporter Médiaterre
d'après AgriDev-Tunisie
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