Les statistiques sur la pauvreté dans le monde d'aujourd'hui projettent l'image d'un monde injuste, un monde d'inégalité générale avec un fond d'exploitation qui date du lointain passé dans l'histoire humaine. La course effrénée à l'aventure de la domination et de la richesse semble faire perdre au genre humain sa dimension de raison qui devrait le pousser à se questionner sur certains faits et les conséquences des actes dont il est l'auteur et qui sont nuisibles à ses semblables et à l'environnement. Bref, des luttes de corps à corps aux menaces de la guerre nucléaire aujourd'hui, des hommes se trouvent des justificatifs à asservir l'humanité ; de la bestialité esclavagiste aux modèles économiques modernes, des hommes se font des moyens pour s'enrichissent. Tout cela se fait aux dépens du plus grand nombre. Les chiffres accusent et dénoncent les politiques et les agissements qui, du point de vue de forme, nourrissent l'espoir chez les masses de nécessiteux, mais, dans le fond, profitent à une minorité. Que disent ces chiffres? 700 milliards pour secourir les banques américaines, des milliards d'euros pour venir en aide aux banques européennes ; réactions justes par rapport à une crise financière qui menace des millions de gens, seulement la crise ne date que d'hier. D'un autre coté, la sempiternelle crise économique des pays en voie de développement qui terrorise 1,4 milliards de personnes (Banque Mondiale, 2008) n'a jamais suscité autant d'engouements, de réactivité, ni créé d'aussi grandes pressions chez les politiques des pays occidentaux. " Ce n'est pas notre problème, dirait-on. Toutefois, il faut faire un geste, d'où l'aide au développement ; celui-ci, de 1945 à aujourd'hui, n'a pu aider effectivement aucun des pays africains ni sud américains à sortir des abysses du sous-développement. Loin de là, l'idée d'importuner les adeptes de l'aide au développement ou d'insinuer que cette aide n'a pas d'importance. Néanmoins, comparé à la réactivité fiévreuse des dirigeants du Nord à s'y attaquer, l'effort de combattre la pauvreté vieillotte du Sud est négligeable.
Qu'est-ce qu'il y a lieu de retenir dans la crise actuelle ?
Au regard de la situation d'incertitudes qui plane sur le ménage nordaméricain ou de la zone euro, l'on pourrait dire que c'est une manifestation de la face pernicieuse imprévisible du capitalisme poussé à l'extrême. En effet, la prééminence d'un système qui vient d'être remise en cause et qui met à jour les exceptions que ses pères et leurs pairs n'ont pas pu prévoir. Enfin, " Time is not only money ". Du boulot pour les gestionnaires ; jusqu'où faut-il chercher le " gain " ? A ceux qui jouissent des prérogatives de l'Etat, jusqu'où faut-il étendre la compétition économique et la libre entreprise. Hier encore, on disait non à toute politique protectionniste. La clause " By american " du plan de relance du président Obama n'augure-t'elle pas quelque chose de la sorte ? La sagesse du temps nous dira la réponse.
Quelles en sont les conséquences sur les pays en voie de développement ?
Velléité, certes, il y en a beaucoup ; mais, il y a du doute quant à l'efficacité des actions envisagées pour contrecarrer cette crise, la pire depuis 1945. A regarder comment l'Union européenne en pâtit, et en constatant le pessimisme des discours d'officiels américains sur l'avenir économique des USA, la solution à cette crise va tarder. Les pays en voie de développement seront directement touchés par les effets collatéraux de la crise. A titre d'exemple : sur le plan financier, les conséquences du " crash " boursier sur les entreprises et des spéculateurs de ces pays, sur le plan de la migration, le risque imminent de déportation des immigrés du Tiers-Monde. D'autre part, il y a une grande probabilité de réduction significative de l'aide au développement destinée à ces pays ; préoccupés à gérer les problèmes nationaux, les dirigeants du nord seront peu enclins, par prudence, d'engager une importante partie de leur ressources au service du développement dans le sud.
Quelles perspectives pour les pays en voie de développement ?
La crise financière laisse une brèche, le désordre du marché, un requestionnement de l'ordre économique mondial avec resserrement et récession économique. Les pays en voie de développement devront davantage miser sur un renforcement des liens régionaux dans la planification d'actions de développement communes et réduire leurs dépendances de l'extérieur. Aujourd'hui, des pays comme l'Argentine, le Brésil, la Chine, etc. retrouvent de fait leur place dans les débats sur la crise ; un très bon signe pour un meilleur équilibre économique. Une renégociation des ressources du Tiers-Monde avec l'exploitant international pourrait être une grande opportunité à ces pays pour rétablir la santé de leur économie. Pauvreté rime avec instabilité, elles vont de pairs et constituent les deux fronts d'attaques auxquels les dirigeants du Tiers Monde doivent confronter simultanément pour maintenir le cap vers un développement durable.
En conclusion, la crise financière pose pour une nouvelle fois la problématique de la gouvernance que ce soit dans les entreprises ou au niveau des Etats. Aucun système n'est parfait, cet exercice de la crise actuelle prouve la nécessité d'un équilibre entre la fonction de régulation économique et les autres fonctions de l'Etat ; son rôle dans la régulation n'est pas sans importance. Aux pays du Tiers Monde, il y a une obligation de se responsabiliser. Les USA, la France, l'Allemagne donnent clairement l'exemple ; en cas de crise, il revient ipso facto à l'Etat d'endosser la protection des citoyens et de fixer les responsabilités.
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