Les écosystèmes de la Chine ont absorbé entre 28 et 37 % des émissions chinoises de carbone issues des combustibles fossiles entre 1981 et 2000. L'étude scientifique qui parvient à cette conclusion a été réalisée par une équipe internationale, menée par le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE / CEA, CNRS, UVSQ). Ces résultats sont publiés dans la revue Nature du 23 avril.
Le réchauffement climatique est dû à l'augmentation des rejets de gaz à effet de serre, principalement les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Dans le milieu naturel, il existe des « puits » qui séquestrent le carbone permettant ainsi de limiter le réchauffement. Favorisé par des programmes de reforestation et une modernisation des pratiques agricoles, le puits de carbone chinois est principalement situé dans le Sud du pays, une région ou les changements climatiques avec des conditions plus humides ont favorisé la croissance des plantes.
Shilong Piao de l'Université de Pékin a fédéré des équipes chinoises, françaises et anglaises, dans le but de quantifier le bilan carbone des écosystèmes chinois sur la période 1981-2000, et ce grâce à trois approches complémentaires. Des mesures de l'évolution de la biomasse aérienne (forêts) et du carbone dans les sols pour un très grand nombre de sites ont été combinées aux observations satellites de l'état de la végétation. Les estimations issues de ces données de terrains ont ensuite été confrontées à celles dérivées de mesures de la concentration du CO2 atmosphérique et de modèle de dispersion dans l'atmosphère. Enfin 5 modèles du fonctionnement des écosystèmes terrestres ont été utilisés pour quantifier la contribution du changement climatique et de l'augmentation du CO2 à ce bilan de carbone régional.
Les résultats de Shilong Piao et ses collègues montrent que sur la période 1981-2000, l'écosystème chinois a absorbé entre 0,19 et 0,26 gigatonnes de carbone par an, ce qui représente 28 à 37 % des émissions de carbone issues des combustibles fossiles en Chine. Si ce pourcentage de séquestration est comparable à celui des USA (20-40%), il dépasse celui de l'Europe (12%). Il a cependant diminué depuis l'an 2000, compte tenu de l'augmentation drastique des émissions fossiles liées à la croissance du pays et du stockage de carbone par l'écosystème qui devrait rester stable dans un futur proche.
Comprendre et anticiper l'évolution de ces différents facteurs contrôlant le bilan net des émissions de carbone de la Chine est un défi majeur de la lutte contre le réchauffement climatique.