Un premier dossier de la 10ème Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, " Biodiversité des montagnes
", a été conclu le 22 octobre. Le projet de décision a été
provisoirement accepté par les Parties, avec des modifications
mineures, en attendant l'adoption finale pendant la dernière séance
plénière le 29 octobre. Les jours à venir se montrent pourtant
difficiles pour les négociateurs, qui doivent encore trouver un
compromis sur les dossiers clés de cette COP, tels que le Plan
stratégique, les ressources financières, et le Protocole international
sur l'Accès aux ressources génétiques et partage des avantages. Une
tâche d'autant plus difficile que certains pays du Sud réclament
l'analyse de ces trois dossiers comme un paquet indivisible : sans un
accord sur l'APA ou des engagements financiers adéquats, le Plan
stratégique s'effondrera aussi. De nombreux autres points de l'agenda
se sont avérés problématiques, comme par exemple la biodiversité
marine et côtière ou des questions liées aux changements climatiques.
Au bout de la première semaine de réunion, 24 Documents de séance (CRP, pour l'anglais Conference Room Paper)
avaient été élaborés par le Secrétariat de la CDB, suite aux premières
lectures des projets de décision dans les deux Groupes de travail.
L'examen de ces textes révisés se poursuivra pendant cette deuxième
semaine de la COP. Les Groupes de contact et Groupes des Amis du
président créés pour faciliter la discussion des dossiers les plus
controversés devraient également finaliser les négociations le plus tôt
possible.
Les discussions autour du Plan stratégique de
la Convention 2011-2020, actuellement menées au sein d'un Groupe de
contact, n'ont pas encore abouti à un consensus sur les objectifs
stratégiques et les principaux objectifs de 2020. Par exemple, pour
l'objectif sur les aires protégées, les pourcentages proposés vont de
15 à 25 % pour les aires protégées terrestres et de 6 à 20 % pour les
aires marines et côtières.
Un groupe de contact sur les questions financières continue de débattre, entre autres, des mécanismes novateurs de financement.
La biodiversité marine et côtière
est un autre point problématique de l'agenda, actuellement sous
l'examen d'un Groupe de contact. Certains pays (notamment, le Brésil,
soutenu par l'Argentine, le Mexique et, dans une moindre mesure,
l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, le Canada, la Norvège et
l'Islande), mettent en question, contre la position de l'UE, le mandat
de la CDB en ce qui concerne l'identification des aires protégées
marines dans des zones situées au-delà des limites de la juridiction
nationale. Selon ces pays, ceci relève des compétences de l'Assemblée
générale des Nations Unies. Ce point juridique bloque les négociations
sur le reste du dossier. L'UE soutient aussi que la CDB définisse une
procédure pour la création et le maintien d'un inventaire global des
zones écologiquement ou biologiquement sensibles dans des zones situées
au-delà des limites de la juridiction nationale. Alors que l'UE
considère que ceci n'est qu'un processus scientifique et technique,
d'autres états y sont opposés sur base de l'argument du mandat
ci-dessus, soutenant que ces activités vont au-delà d'un processus
scientifique.
Quant au dossier " Biodiversité et changements climatiques
", les délégués se sont entendus sur la coopération entre les
Conventions de Rio : le texte demande au Secrétariat de transmettre une
proposition visant à développer des activités conjointes avec les
autres secrétariats des Conventions de Rio. D'autres libellés du
dossier font encore l'objet des négociations, notamment le texte
portant sur REDD (Réduction des émissions résultant du
déboisement et de la dégradation des forêts) ; les délégués débattent
des références à la propriété foncière, aux droits des communautés
autochtones et locales, aux avantages connexes de la biodiversité et
des services écosystémiques. La géo-ingénierie est un autre
sujet controversé. Un Groupe des Amis du président discute de la
formulation d'un éventuel moratoire, examinant l'opportunité de prévoir
des dérogations pour les exploitations de petite échelle et pour la
recherche scientifique effectuée dans un milieu contrôlé.
Au sujet des espèces exotiques envahissantes (EEE),
il a été décidé de mettre en place un Groupe spécial d'experts sur les
normes régissant les EEE introduites comme étant des espèces d'animaux
de compagnie et des espèces d'aquarium et de terrarium, et comme étant
nourriture et appâts vivants. L'Espagne vient d'annoncer qu'elle
fournira les fonds nécessaires pour ce groupe. Il reste pourtant à
clarifier son mandat : L'UE, la Norvège, la Thaïlande, le Costa Rica,
l'Argentine et le Groupe Africain, opposés par l'Australie, le Brésil,
la Malaisie et la Nouvelle Zélande, recommandent que le groupe
fournisse des conseils pratiques pour l'élaboration de normes
internationales sur les EEE.
Une annonce des résultats des dernières négociations sur le Protocole international sur l'APA
est aussi prévue pour demain. N'ayant pas abouti à un accord avant
l'échéance initiale de vendredi 22 octobre, le Groupe consultatif
informel s'est réuni pendant le weekend en vue de trouver un compromis
sur les dernières questions en suspens.
Laura Baroni, UICN, pour l'IEPF
[COP10-MOP5]