Des éoliennes, les investisseurs de l'énergie ne prévoient pas en installer dans l'estuaire du Saint-Laurent ni dans la baie d'Hudson. L'Ontario planche sur une consultation publique en vue d'autoriser un projet dans les Grands Lacs. Mais l'industrie canadienne est encore jeune. L'énergie éolienne, une énergie propre, mérite d'être examinée de plus près.
L'exploitation d'un parc éolien en mer présente des caractéristiques différentes d'un parc éolien bâti au sol. En mer, les coûts de construction et d'entretien sont plus importants, car les travaux sont plus complexes. La logistique aussi : le transport des immenses pièces des turbines représente des dépenses faramineuses et nécessite l'aide d'engins spécialisés. Les turbines s'abîment avec la force des vagues, du courant et de la corrosion. Les câbles sous-marins qui transmettent l'électricité à la terre sont chers et fragiles. L'investisseur de l'industrie éolienne se montre hésitant , d'autant plus que le processus de développement demeure fortement réglementé.
Les puissantes éoliennes en mer
Selon un document de la Commission des Communautés européennes, l'énergie éolienne en mer comporterait des avantages par rapport à la production terrestre. Les éoliennes en mer sont de plus grande taille : 120 mètres de hauteur par rapport à 80 mètres pour les plus puissantes, installées au sol - la puissance est proportionnelle à la taille du mât.
Autre avantage. Le vent est plus fort et plus stable au large, ce qui signifie une plus grande productivité, en termes énergétiques. En mer, les machines susciteraient moins de préoccupations de la part les citoyens, soucieux de l'esthétique visuelle du paysage. Au Canada, les éoliennes ne peuvent être installées à moins de 5 km du rivage.
Des poissons et des géants
Les risques pour l'environnement sont étudiés dans le cadre de tout projet d'implantation d'un parc éolien. " Toute installation affecte les pêcheries et la faune ", reconnaît Kevin J. Smith, chef du développement commercial chez DNW. Andrew Ryckman, biologiste spécialiste des terres et milieux humides, à l'emploi de la firme Natural Resource Solutions inc., nuance : " Des études menées actuellement dans les parcs éoliens de NaiKun Wind en Colombie-Britannique, et Cape Wind dans l'état du Nantucket suggèrent que les impacts sur la faune aquatique sont plutôt minimes ". Le biologiste explique que l'habitat et le cycle de vie des poissons sont indéniablement perturbés lors de la construction d'un projet éolien en mer. Puisque cet impact ne dure que durant la période de construction du parc éolien, il estime cependant qu'elles tendent à disparaître durant la phase de production. La croissance de la population de certaines espèces aurait été observée, poursuit le biologiste.
Une étude du Department for Business Enterprise & Regulatory Reform en partenariat avec le Department for Environment Food and Rural Affairs du Royaume-Uni a aussi démontré que la fondation d'une turbine en mer produit un " effet de récif ". Les algues et résidus accumulés sur la base de la structure immergée attirent et nourrissent les poissons, dont certaines espèces à valeur commerciale comme le homard, le crabe ou les moules. Conjointement à l'exploitation énergétique en mer, cette observation a permis d'explorer la possibilité de mener des élevages de poissons en aquaculture sur le même site qu'une tour d'éolienne en mer.
Toutefois, Andrew Ryckman considère que des études supplémentaires restent à faire pour évaluer l'impact réel des éoliennes sur le milieu marin, qu'il soit positif ou négatif.
Pas d'éoliennes dans le fleuve
Des audiences publiques sont tenues en Ontario pour le développement d'un parc éolien dans les Grands Lacs. En Nouvelle-Écosse aussi. Toutefois, aucun projet éolien en mer n'est envisagé au Québec, pourtant traversé par le fleuve Saint-Laurent. " Ce serait étonnant qu'il y ait du développement de parcs éoliens dans le St-Laurent, à cause de la fragilité écologique de ce milieu ", croit Rob Nadolny, directeur de projet principal chez Stantec Consulting Ltd. Il précise toutefois qu'il serait réaliste d'envisager un projet dans la baie d'Hudson. De quoi nourrir le Plan Nord de la ministre Normandeau.
Abondante, locale, propre et renouvelable. Steven Guilbeault croit que cette énergie fait partie des solutions viables pour changer le monde. Le congrès de la CanWEA permet de croire qu'un vent de changement souffle sur le Québec et le Canada.
Un article signé Amélie Lévesque, pour GaïaPresse.
Mots-clés : énergie éolienne, parc éolien, vent, effet de récif, Steven Guilbeault, Nathalie Normandeau, fleuve Saint-Laurent.
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