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De l'eau propre, gage d'une meilleure santé : le cas du Ghana et du Cambodge


Par Kathryn McConnell
Rédactrice

Washington - Selon l'Organisation mondiale de la santé, les maladies associées à l'insalubrité de l'eau coûtent chaque année la vie à environ deux millions de personnes, dont la plupart sont des enfants de moins de cinq ans. Or récemment, l'utilisation de filtres à eau en céramique a permis de sauver des vies au Ghana et au Cambodge.

Peter Adagwine en a vendu des milliers, dont un à son oncle, lorsqu'il travaillait pour la société sociale Pure Home Water, dans le nord du Ghana.

" Mon oncle est bien content d'avoir un outil simple qui permet à sa famille d'avoir de l'eau propre. Ces filtres ont sauvé la vie d'enfants qui mouraient auparavant de maladies hydriques ", explique Peter Adagwine, qui fait actuellement des études de développement international à l'université Brandeis, à Boston.

En 2006, il a fait la connaissance d'une femme, Susan Murcott, qui effectuait des travaux de recherche sur l'eau et l'hygiène au Ghana, et de cette rencontre est né son désir d'améliorer la qualité de l'eau dans sa communauté. L'année précédente, Susan Murcott (qui enseigne aujourd'hui le génie civil et environnemental à l'Institut de technologie du Massachusetts, à Boston) avait fondé l'organisation sans but lucratif Pure Home Water en liaison avec des partenaires sur le terrain et grâce à un financement de la fondation Conrad Hilton.

Au départ, Pure Home Water achetait des filtres à un fabricant d'Accra, la capitale du Ghana. Cette association les distribuait gratuitement par l'intermédiaire d'agences de développement, dont l'UNICEF. En 2008, elle a commencé à les vendre sous le nom de marque " Kosim ", qui signifie " eau pure " dans la langue locale.

Chaque filtre se compose d'un récipient poreux en céramique d'une capacité d'environ 8 litres. Ce récipient est placé à l'intérieur d'un autre, en plastique, et qui est équipé d'un robinet. Le filtre capte les bactéries, les micro-organismes et les produits chimiques toxiques contenus dans l'eau provenant des rivières, des étangs et des puits. Chaque filtre est vendu avec une brosse de nettoyage et un mode d'emploi. En 2010, les recettes tirées des ventes ont permis à l'entreprise de construire sa propre usine de fabrication de filtres à Tamale, ville de 250.000 habitants. L'entreprise fait travailler 20 personnes, et 100.000 personnes ont déjà profité de ces dispositifs de basse technologie.

Chaque filtre coûte environ 17 dollars. L'entreprise propose un financement à toutes les catégories de la population pour que le prix ne soit un obstacle pour personne, assure Peter Adagwine. Les livraisons se font à l'aide d'un camion et de deux motocyclettes. Les filtres sont distribués gratuitement dans les écoles et les dispensaires situés en milieu rural.

Peter Adagwine explique comment Pure Home Water s'y prend pour convaincre les villageois d'utiliser les filtres. Dans un premier temps, l'entreprise repère une personne qui pourra se faire son relais auprès du chef local. Quand ce dernier donne son accord à l'introduction des filtres dans le village, des représentants de l'entreprise ont des entretiens avec les membres de la communauté afin de leur expliquer les avantages d'une eau propre pour la santé et de leur apprendre à utiliser et à nettoyer un filtre.

Une démarche analogue est en cours sur un autre continent. Au Cambodge, l'entreprise sociale Hydrologic fabrique elle aussi des filtres en céramique pour les vendre en milieu rural, où la nappe phréatique tend à être contaminée par des matières fécales et des urines d'origine humaine et animale ainsi que par la présence d'arsenic et de sel. Hydrologic a été créée à la suite d'un transfert technologique des résultats de recherche et développement menés par le programme WaterSHED (programme régional d'eau, d'assainissement et d'hygiène), lequel avait bénéficié à l'origine d'un financement de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) ainsi que de la collaboration de l'école Gillings de santé publique mondiale, rattachée à l'université de Caroline du Nord, et de partenaires locaux.

Les filtres d'Hydrologic sont faciles à utiliser et ils sont fabriqués à l'aide de matériaux disponibles sur place, déclare Tom Outlaw, le responsable de WaterSHED-Asie. Comme il n'y a pas besoin de bouillir l'eau quand on la filtre, les femmes et les enfants sont libérés de la corvée de la collecte de bois de chauffage, ce qui a en outre pour effet d'économiser un combustible et d'améliorer la qualité de l'air à l'intérieur.

Depuis qu'elle est devenue une entreprise à but lucratif, en 2009, Hydrologic a vendu environ 50.000 filtres, à 15 dollars l'unité : c'est ainsi que 350.000 personnes ont aujourd'hui accès à une eau salubre. Les filtres sont commercialisés sous le nom de marque " Rabbit " (lapin), cet animal étant un symbole de sagesse dans la culture khmer. Acheter un filtre, c'est faire preuve de sagesse, commente Tom Outlaw.

" Au départ, dit-il, on les donnait ou on les vendait au prix de revient parce qu'on pensait que les ménages pauvres ne pourraient pas se permettre de les acheter au prix de vente. Mais on a eu maintes occasions de constater que les gens sont prêts à payer plus pour un produit de qualité vendu à un prix juste. " En 2010, Hydrologic a commencé à fabriquer des filtres dans sa nouvelle usine située à Kampong Chhnang. Elle devrait faire travailler 60 Cambodgiens en 2011.

Suivant la même stratégique que Pure Home Water, Hydrologic a d'abord cherché à se rallier les dirigeants locaux en leur expliquant les avantages d'une eau salubre pour la santé. Comme les Cambodgiens utilisent des récipients en céramique depuis des siècles pour conserver l'eau potable, l'usage du filtre s'est imposé sans difficulté.

Source :  Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
Site Internet : http://www.america.gov/fr/

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