La norme biologique canadienne (CAN/CGSB 32.310) exige que la matière organique soit produite sur place, avant que des sources d'éléments nutritifs en provenance de l'extérieur ne soient utilisées, dans une exploitation agricole. L'application de cette exigence chez les producteurs nationaux de légumes biologiques a éveillé notre curiosité. D'un océan à l'autre, nous avons interrogé plusieurs producteurs au sujet de leur utilisation d'engrais verts, car ces engrais constituent l'une des manières de se conformer à la norme.
Les agriculteurs ont relevé plusieurs avantages associés à l'utilisation d'engrais verts : amélioration de la lutte contre les mauvaises herbes, protection renforcée contre l'érosion, meilleure santé du sol (grâce à l'apport de matière organique, la stimulation de l'activité biologique du sol et l'amélioration des qualités d'ameublissement et de drainage du sol), rétention des nutriments (plutôt que leur lessivage),diminution des populations de ravageurs (tels Rhizoctonia, les nématodes et le ver fil‑de‑fer) et fertilité accrue (directement, p. ex. avec l'apport d'azote par les légumineuses, et indirectement, en rendant les nutriments plus disponibles, comme le fait p. ex. le sarrasin avec le phosphore). La plupart des agriculteurs ont mentionné plusieurs de ces avantages dans leurs expériences de rotations culturales incluant des engrais verts.De fait, tous les utilisent abondamment. Ils choisissent les cultures en fonction de leurs besoins.
En Colombie‑Britannique, un producteur de légumes variés utilise quatre cultures successives d'engrais verts annuels sur 10 % de ses terres chaque année. Une culture de seigle semée à l'automne est interrompue par passage de disques à la mi‑mai; des pois inoculés sont ensuite enfouis par labour lorsqu'ils atteignent 30 po (76 cm environ) de haut et fleurissent. De l'avoine, de l'orge ou du sarrasin est semé, puis tué à la floraison (vers la fin du mois d'août) par passage de disques, après quoi le champ est ressemé de seigle d'automne pour l'hiver. Les légumes sont semés ou plantés au printemps suivant. Des porcs paissent dans une partie de la surface d'engrais verts.
Un producteur de légumes québécois sème du trèfle des prés ou de la luzerne chaque année sur un tiers de ses terres et les laisse pousser deux ans avant de les labourer. Sur les deux tiers restants, où les sols sont plus lourds, il sème de l'avoine et des pois ou de l'avoine et de la vesce à la fin de l'été, s'il n'y a aucune chance de grenaison. Les deux associations sont tuées par l'hiver. Ce producteur utilise l'association avoine‑pois dans les champs qui serviront aux cultures maraîchères de début de printemps et l'association avoine‑vesce dans ceux où il prévoit faire pousser des cultures de printemps plus tardives. Cela laisse suffisamment de temps à la biomasse supérieure produite par l'association avoine‑vesce pour se décomposer. Dans ses parcelles sableuses, plutôt que le tandem avoine‑légumineuse, il cultive du seigle pour enrichir le sol en matière organique. Les cultures d'engrais verts sont toujours semées après l'enfouissement par labour de la culture commerciale, afin de limiter les possibilités de croissance des mauvaises herbes. Un membre du personnel se consacre exclusivement à l'ensemencement et à la gestion des engrais verts.
Pour lutter contre les nématodes indésirables, un producteur d'ail biologique ontarien recourt à la culture d'engrais vert de moutarde. Il la fauche deux fois, puis la laboure. Si les adventices posent problème, il sème du sarrasin à la place de la moutarde. Après l'engrais vert, du seigle d'automne est semé, puis l'ail, à l'automne suivant. La troisième année, d'autres légumes sont semés ou plantés. La quatrième année, le producteur reprend la culture d'ail. Lorsqu'il utilise du trèfle en tant qu'engrais vert, il introduit quelques graines de maïs à la volée pour ajouter une part de biomasse plus persistante.
Défis et astuces :
Cet article a été rédigé par Rochelle Eisen, O-Team, pour le CABC grâce au soutien financier de la Grappe scientifique biologique du Canada (une partie de l'Initiative de grappes agro-scientifiques canadiennes du Cadre stratégique Cultivons l'avenir d'Agriculture et agroalimentaire Canada. La Grappe scientifique biologique est le fruit du travail de coopération accompli conjointement par le CABC, la Fédération biologique du Canada et les partenaires de l'industrie.
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