Le saviez-vous? Si les femmes étaient plus intégrées dans la création des politiques climatiques, nous en aurions très probablement de meilleures! Non pas que les femmes soient, par essence ou par nature, plus enclines à protéger le climat que les hommes, mais, en pratique, elles ont une empreinte carbone plus faible en raison de leur rôle dans la société, réagissent différemment aux changements climatiques et sont aussi plus vulnérables face à ceux-ci. Tel est le résultat d'une série d'études et de rapports (voir au bas de cet article) qui s'intéressent au genre dans la question du climat. (Et le genre ne se réduit pas à l'égalité hommes-femmes)

Par exemple, les femmes mangent moins de viande l'on sait que l'agriculture animale contribue à environ 20% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Dans les pays du nord, les femmes achètent des voitures moins grandes et moins puissantes que les hommes (et donc moins polluantes) et prennent davantage les transports en communs pour se déplacer. Les femmes ont également tendance à choisir un lieu d'habitation plus proche de toutes les activités qu'elles doivent mener de front afin de réduire les distances à parcourir. Ainsi, une femme sera encline à installer sa famille dans un logement situé dans un lieu permettant de réaliser facilement plusieurs trajets par jour (maison-école-travail-école-magasinage-maison...), tandis qu'un homme aura tendance à ne prendre en compte que les distances qu'il va lui-même parcourir (maison-travail-maison). Certes, les rôles dévolus aux hommes et aux femmes dans la société évoluent dans un sens d'un plus grand partage des tâches mais la tendance 'multitâches' continue d'être bien plus importante chez la femme que chez l'homme.

Au Sud, la problématique du genre est encore différente que dans le Nord et a trait aux questions de pauvreté et de survie bien davantage qu'aux habitudes de (sur)consommation. Par exemple, dans les pays où l'eau courante est encore loin d'exister, ce sont les femmes qui sont en charge d'aller chercher l'eau. Les effets des changements climatiques dans les pays les plus pauvres sont à cet égard dramatiques pour celles-ci. Les femmes se retrouvent à devoir parcourir de plus grandes distances pour puiser l'eau nécessaire à la survie de leur famille notamment en raison des sécheresses. De ces bouleversements climatiques émerge alors une problématique évidente de sécurité alimentaire, et de sécurité tout court, puisqu'être sur les routes plusieurs heures voire plusieurs jours durant - de surcroît avec des enfants- constitue un danger évident auxquelles sont particulièrement confrontées les femmes.

À Durban, dans le cadre des négociations internationales sur le climat de la COP17, une spécialiste du genre et du climat dans les pays du sud insistait sur la nécessité d'intégrer les femmes à tous les niveaux pour élaborer les stratégies d'adaptation aux changements climatiques. Elle prenait ainsi l'exemple du besoin d'inclure les femmes dès le début de la conception des pompes à eaux si l'on veut que celles-ci soit réellement utiles à celles qui les utilisent. Alors qu'un homme pensera à utiliser sa force pour manoeuvrer une pompe à eau, une femme, elle, prendra en compte d'autres paramètres lors de la conception...

Au Québec, le Réseau des Femmes en Environnement et le site Gaïa Presse suivent ces questions de près. L'an dernier, à leur invitation, je participais à la première Journée québécoise sur le genre et les changements climatiques (http://www.soreltracyregion.net/actualite/page/actualite/article/a/11638organisée par la Conférence régionale de la Montérégie-Est. Une initiative particulièrement intéressante et qui se concentre sur la question du genre dans les pays du Nord, une problématique encore peu étudiée comparée à cette question au Sud.

 

(COP17-climat)