L'une des conséquences directes du changement climatique, c'est que la pluviosité est affectée. La situation est réellement grave à Maurice. Fini le temps, où nos mamans allaient faire la lessive à la rivière et nous, enfants, nous jouions tranquillement dans l'eau. Aujourd'hui, les cours d'eau sont asséchés. Pire encore, le principal réservoir du pays, la Mare aux Vacoas, est dans un état critique.
L'eau est rationnée comme dans les années qui ont précédé le miracle économique au début des années 80. Aujourd'hui, elle est devenue la hantise des femmes et des familles mauriciennes. Ecrasées par les stress du travail, de nombreuses mères de familles doivent lutter au quotidien pour être approvisionnées en eau potable. Certaines d'entre elles doivent faire la queue des heures durant en attendant que les camions-citernes viennent les desservir.
Qui ne se souvient pas de ce drame qui s'était produit en 2010 à L'Espérance, un village dans le centre du pays ? L'eau n'a coulé qu'une quinzaine de minutes en ce jour de Divali, l'une des plus importantes fêtes religieuses du pays. "L'eau a coulé rien qu'entre 5 heures à 5 heures 15," se souvient Anita 39 ans, une habitante de la région. Comme les autres habitants du village n'avaient plus d'espoir de voir couler l'eau de leurs robinets, ils ont endommagé un camion-citerne de la Central Water Authority (CWA), fournisseur national d'eau potable, et ont mis à sac la guérite du gardien du réservoir desservant cette localité.
Il y a trois façons d'obtenir de l'eau, soit des pluies, des rivières et des nappes souterraines. Nous n'avons pas de pluie en ce moment et 70 % de l'eau fournie provient des nappes souterraines et des rivières mais le hic est qu'elles sont quasi-sèches.
Cette situation affecte également l'industrie du textile mais celle-ci se débat tant bien que mal. "Certainement, la sécheresse a eu un effet néfaste sur les industries mais il y a eu une politique d'entraide qui s'est créée entre les entreprises. Nous arrivons toujours à respecter nos commandes et beaucoup d'entreprises comptent aujourd'hui sur les nappes phréatiques plutôt que sur la fourniture de la CWA", tente de rassurer Danielle Wong, directrice de la Mauritius Export Association (MEXA).
Cader Sayed-Hossen, le ministre de l'Industrie, estime que l'eau est un droit humain indéniable et que le bien-être de toutes les populations dépendent d'un accès à une fourniture d'eau saine, adéquate et à un coût raisonnable. C'est un paradoxe, estime-t-il, que la planète soit recouverte d'eau à 70 % mais qu'on en manque toujours dans de nombreux pays. Citant le rapport 2009 des Nations unies sur l'eau, Cader Sayed-Hossen a indiqué que 50 % de la population mondiale vivra dans des régions où il n'y aura pas d'eau d'ici à 2030. Selon ce document, entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique vont être confrontées à un manque d'eau d'ici à 2020. Et cela sera en grande partie dû au changement climatique.
Il n'y a pas eu de planification et de gestion adéquates de ce produit de la part des autorités concernées. De ce fait, l'eau est en manque partout dans le monde. Ce manque menace la vie humaine," a-t-il fait ressortir lors de l'ouverture du huitième atelier de travail sur les essais d'aptitudes de l'eau, organisé par la Southern African Development Commmunity Cooperation in Measurement Traceability (SADCMET).
Par rapport aux mesures prises pour tenir le coup vis-à-vis de cette pénurie d'eau sans pareille dans l'histoire du pays, Cader Sayed-Hossen en a cité sept: l'eau des rivières à être pompée et traitée par des unités mobiles avant d'être transférée dans le réseau de distribution; Rs 454 millions, soit environ 113 millions de rands, mises à la disposition de la Central Water Authority (CWA) pour remplacer les vieux tuyaux qui occasionnent 49% des fuites enregistrées; une somme de Rs 53 millions, soit environ 13 millions de rands, identifiée pour la création de nouveaux forages ; Rs 3 000, soit environ 750 rands, offertes aux familles à faibles revenus pour l'achat de réservoirs d'eau; la construction d'un nouveau barrage d'une capacité de 14,2 millions de mètres cubes grâce à l'aide chinoise; un plan stratégique en voie d'élaboration et les différentes autorités opérant dans le secteur de l'eau réunies sous une seule autorité.
Toutes ces mesures sont valables mais elles prendront du temps à se réaliser. En attendant, les Mauriciens devront prendre leur mal en patience et prier pour les grosses pluies d'été qui ne sont pas prévues selon la station météorologique de l'île avant la fin décembre. Le calvaire des Mauriciens et des Mauriciennes n'est pas prêt de se terminer
Source : article écrit par Jimmy Jean-Louis pour AllAfrica.com
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