Le développement de ces deux services vitaux nécessite un partenariat poussé entre l'Etat et le secteur privé. Le secteur de l'électricité et de l'eau est engagé dans une dynamique de mutation ces dernières années dans notre pays. Le gouvernement, en collaboration avec ses partenaires techniques et financiers, a initié un vaste programme de réforme institutionnelle qui a abouti à la séparation des deux branches.
La création de la Société malienne de patrimoine de l'eau potable (SOMAPEP) et de la Société de gestion de l'eau potable (SOMAGEP) participe de cette révolution dans un secteur dont la promotion et le développement dépendent d'une meilleure maîtrise des systèmes de régulation et de tarification. Les hommes chargés de la régulation doivent évidemment en maîtriser les principes. C'est ainsi que la Commission de régulation de l'électricité et de l'eau (CREE) organise depuis lundi un séminaire international sur le " partenariat public-privé et la tarification des services publics de l'électricité et de l'eau ". La cérémonie d'ouverture de la rencontre qui se tient à l'hôtel Salam était présidée par le ministre de l'Energie et de l'Eau, Habib Ouane.
Ce séminaire de formation réunit plus d'une centaine de participants venant d'Afrique (Ethiopie, Togo, Côte d'Ivoire, Egypte, Ghana, Gambie, Lesotho, Mauritanie, Tanzanie, Afrique du Sud, Sénégal et Ouganda) et d'Europe (Espagne et Grande Bretagne). Il entend outiller les participants dans le choix des options de partenariats public-privé et de l'utilisation des techniques de détermination des tarifs de l'électricité et de l'eau. Au cours de cette rencontre de cinq jours, des experts vont disséquer les bonnes pratiques dans le choix des options et des initiatives en rapport avec les fondements économiques de la régulation. Egalement au menu des discussions, les méthodologies de conception du système tarifaire et la détermination des composantes du revenu requis pour la fixation des tarifs.
A l'ouverture des travaux, le président de la CREE, Moctar Touré, a souligné l'importance d'une session qui permettra de faire converger toutes les énergies du public et du privé vers une meilleure promotion du secteur. Le secteur de l'eau et de l'électricité est vital dans tous les pays et contribue fortement à l'équilibre social. La tarification en la matière impose par conséquent une prise en compte des aspirations des usagers, estime le premier responsable de la commission de régulation. Un partenariat entre l'Etat et le privé s'avère nécessaire car le développement et la promotion du secteur requièrent de gros investissements que les caisses de l'Etat et celles des entreprises prises séparément ne peuvent supporter.
En effet, les besoins de financement dans le domaine en Afrique sont estimés à environ 24 milliards de dollars (environ 12 000 milliards de Fcfa). Les spécialistes relèvent que l'Afrique souffre d'un paradoxe en matière de développement et de promotion du secteur de l'eau et l'électricité. Plus de 30% des réserves de pétrole proviennent du continent qui possède également 31% de réserves de gaz naturel, une grande potentialité énergétique inexploitée. Et sur 24 000 MGW de potentiel hydro-électrique, seulement 16% sont exploités. Pour le ministre de l'Energie et de l'Eau, le partenariat public-privé est la seule alternative pour développer et assurer une meilleure promotion du secteur. " La gestion exclusivement étatique adossée à un monopole a montré ses limites. Au même moment, la gestion privée dégageait un relent de défiance.
Il a fallu alors imaginer un autre mécanisme, certes hybride, mais susceptible de capitaliser les atouts des deux types de gestion et de minimiser leurs inconvénients. Ce mécanisme est un compromis consistant en la mise en commun du capital privé et du capital public d'une part, et la prise en compte du corollaire qu'est le management efficace de cet attelage ", a-t-il analysé. Le ministre Ouane a relevé que la forte urbanisation que connaissent nos Etats est de nature à engendrer des déficits de production dont la solution est à chercher d'abord dans le renforcement de la capacité de production endogène de nos pays. Ceux-ci se heurtent dans bien des cas à des contraintes financières et à des risques d'endettement accru. A cet égard, le partenariat public-privé apparaît comme une des solutions de financement d'infrastructures des services publics de l'électricité et de l'eau potable dans une dynamique de mutualisation des risques, a constaté Habib Ouane.
par Lassine Diarra
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