Mettre la planification familiale volontaire à la disposition de tous les habitants des pays en développement réduirait les coûts des soins de santé maternelle et néonatale de 11,3 milliards de dollars par an. C'est ce que révèle l'État de la population mondiale 2012 publié le 14 novembre 2012 par l'UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population.
L'élargissement de l'accès à la planification familiale constitue, la chose est démontrée, un bon investissement économique. Un tiers de la croissance économique des " tigres asiatiques " a été attribué à une évolution démographique qui a fait que le nombre d'adultes générateurs de revenus a dépassé celui des personnes à leur charge. Cette évolution, lit-on dans le rapport, est une conséquence de la planification familiale qui a eu pour effet d'accroître la productivité et d'impulser le développement de l'économie de la région.
Selon les projections d'une étude récente, si au cours des 20 années à venir le taux de fécondité diminuait simplement d'un enfant par femme au Nigéria, l'économie du pays augmenterait d'au moins 30 milliards de dollars.
Et il y a d'autres avantages à échoir que les avantages économiques. Le rapport constate que parmi les coûts qui résultent du non-respect du droit à la planification familiale figurent la pauvreté, l'exclusion, la mauvaise santé et l'inégalité des sexes. Au Malawi, par exemple, la non-prise en compte des besoins des adolescents et des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive a contribué aux taux élevés de grossesses non désirées et d'infection par le VIH. Aux États-Unis, indique le rapport, la maternité chez les adolescentes réduit de jusqu'à 10 % la probabilité de l'obtention de leur diplôme de fin d'études secondaires.
La planification familiale apporte d'immenses bénéfices aux femmes, aux familles et aux communautés de par le monde. En permettant aux individus de choisir le nombre de leurs enfants et l'espacement des naissances de ceux-ci, elle permet aux femmes, et à leurs enfants, de vivre en meilleure santé et plus longtemps. Si à l'avenir 120 millions de femmes de plus avaient accès à la planification familiale, le nombre de décès des bébés de moins d'un an diminuerait de 3 millions, estime le rapport.
" La planification familiale a un effet multiplicateur positif sur le développement, a déclaré le Directeur exécutif de l'UNFPA, le docteur Babatunde Osotimehin. Non seulement l'aptitude des couples à décider quand ils auront des enfants et combien ils en auront aide-t-elle les nations à s'extirper de la pauvreté, mais elle constitue aussi l'un des moyens d'autonomisation des femmes les plus efficaces. Les femmes qui pratiquent la contraception sont en général en meilleure santé, plus éduquées, plus autonomisées dans leur ménage et leur communauté et plus productives économiquement. Et une participation accrue des femmes au marché du travail stimule l'économie. "
L'État de la population mondiale 2012 note que les pouvoirs publics, la société civile, les prestataires de services de santé et les communautés ont la responsabilité de protéger le droit à la planification familiale de toutes les femmes sans distinction d'âge ni de situation matrimoniale.
Mais le rapport constate cependant que les ressources financières en faveur de la planification ont diminué et que l'emploi des contraceptifs est resté essentiellement inchangé. En 2010, les contributions accordées par les pays donateurs pour les services de santé sexuelle et reproductive dans les pays en développement ont accusé un manque de 500 millions de dollars par rapport aux montants attendus. Durant ces dernières années, la prévalence de la contraception n'a augmenté au niveau mondial que de 0,1 % par an.
On relève néanmoins certains signes de progrès. En juillet dernier, au Sommet de Londres sur la planification familiale, les pays donateurs et les fondateurs ont annoncé des apports de 2,6 milliards de dollars pour mettre la planification familiale à la disposition de 120 millions de femmes des pays en développement dont les besoins dans ce domaine ne sont pas satisfaits d'ici 2020; les pays en développement ont, de leur côté, annoncé des augmentations de leurs contributions.
Mais selon le rapport, il faudrait 4,1 milliards de dollars par an pour répondre aux besoins non satisfaits de planification familiale des 222 millions de femmes qui souhaiteraient la pratiquer mais qui n'y ont pas accès actuellement. Un tel investissement sauverait des vies en évitant les grossesses non désirées et les avortements non médicalisés.
Toutefois, les ressources financières ne sont qu'un élément de la solution. Pour s'assurer que le toutes les personnes puissent réaliser leur droit à la planification familiale, le rapport appelle également les pouvoirs publics et les dirigeants :
* À adopter une approche de la planification familiale axée sur les droits ou à renforcer cette approche;
* À veiller à ce que la planification familiale figure en bonne place dans le programme mondial de développement durable qui fera suite aux objectifs du Millénaire pour le développement en 2015;
* À assurer l'égalité en concentrant leur attention sur les groupes exclus;
* À mobiliser des fonds pour investir pleinement dans la planification familiale.
" La planification familiale n'est pas un privilège mais un droit. Et cependant, trop de femmes - et d'hommes - se voient refuser ce droit fondamental, dit le Dr Osotimehin. L'engagement que nous avons pris en juillet à Londres d'élargir l'accès à la planification familiale améliorera l'existence de millions de gens et aidera chaque année à éviter 200 000 décès maternels. Alors que nous approchons de la date butoir de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, j'appelle tous les dirigeants à tirer parti de l'élan acquis, à combler le déficit du financement et à faire de la planification familiale volontaire une priorité du développement. "
Rapport État de la population mondiale 2012 (809 hits)