La rouille orangée
est causée par un champignon, Hemileia vastatrix
. Il attaque les feuilles du caféier et peut causer de fortes
défoliations. Son histoire est bien connue : il dévasta dès 1869 toute
la caféiculture de Ceylan (aujourd'hui le Sri Lanka). Depuis son
introduction en Amérique Centrale en 1976, le champignon a été
responsable d'épidémies sévères au Costa Rica en 1989, au Nicaragua en
1995 et en Colombie, de 2008 à 2011.
En 2012, l'épidémie a pris une ampleur régionale attaquant de façon
sévère tous les pays de l'Amérique Centrale, mais aussi d'Amérique du
Sud dont le Pérou.
L'année 2012
a été une année " del Niño ", perturbation climatique liée à un
réchauffement de l'océan Pacifique. En Amérique Centrale, cette
perturbation se caractérise principalement par une moindre pluviométrie.
Pour expliquer la grande intensité de l'épidémie 2012, ce sont des hypothèses liées au climat
, à la gestion des parcelles
, et même à l'évolution du pathogène
qui sont avancées :
-
La faible pluviométrie
n'a pas permis le lessivage des spores et a été suffisante pour assurer leur germination.
La chaleur
de l'année 2012 a raccourci la période de latence de la maladie et
fortement augmenté l'intensité de l'épidémie. Elle a aussi favorisé les
attaques dans les zones d'altitude, réputées peu favorables à la maladie
en raison des températures habituellement fraîches. Dans ces zones, les
producteurs n'appliquent généralement pas de traitement préventif pour
contrôler la rouille. La mise en place des traitements en 2012 y a donc
été tardive, souvent quand les dégâts étaient irréversibles...
Le vent
a joué un rôle important en dispersant la rouille sur de grandes
distances. L'apport permanent de cet inoculum étranger dans les
plantations a compliqué la gestion de l'épidémie, notamment là où des
fongicides curatifs peu rémanents ont été employés.
-
Diverses particularités dans la gestion des parcelles
de café ont également contribué à l'apparition de l'épidémie. Les
dommages les plus importants ont été trouvés dans des plantations
cultivées en plein soleil où la charge fruitière était plus élevée.
Des études, montées conjointement par le Cirad et le
Catie, ont en effet montré que l'ombrage
permettait de diminuer les attaques de rouille, par son action
régulatrice de la charge fruitière. Il intercepte aussi la rosée, source
d'eau libre qui facilite la germination des spores et aide à protéger
les sols de l'acidification, condition qui a été montrée comme
favorisant les attaques.Certains producteurs n'ont pas pu fertiliser
en fin d'année en raison des conditions sèches qui ont prédominé et
l'impact de la rouille sur ces parcelles mal fertilisées a été plus
fort. Un trop grand retard dans les applications de fongicides a aussi
été préjudiciable. Le contexte général de baisse des cours n'a pas, non
plus, encouragé les producteurs à prendre des mesures préventives pour
lutter contre la rouille, une maladie que personne n'attendait à un tel
niveau de gravité.
- L'hypothèse d'une évolution du pathogène
ne peut être écartée. Les conditions climatiques et de gestion des
parcelles décrites antérieurement pourraient ne pas être suffisantes
pour expliquer ces niveaux d'attaque. Des souches sont peut-être
devenues plus agressives ou se sont adaptées à des conditions
climatiques plus extrêmes.