Intitulée " Économie de la désertification, de la dégradation des sols et de la sécheresse: méthodes et analyse en vue de la prise de décisions ", cette étude a été présentée lors de la deuxième Conférence scientifique de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, qui a débuté aujourd'hui à Bonn, en Allemagne.
La présidente du Groupe d'experts du Secrétaire général sur la viabilité mondiale, Tara Halonen, et le Secrétaire exécutif de la Convention, Luc Gnacadja, ont pris la parole lors de la séance d'ouverture de la Conférence, à laquelle plus de 600 scientifiques et représentants de gouvernements, d'organisations internationales et d'organisations de la société civile ont participé.
Selon Mme Halonen, " l'élimination de la pauvreté continuera d'être le but principal de la communauté internationale. Trois sujets %u2013 croissance verte, justice sociale et limites de l'environnement mondial %u2013 devraient guider les travaux relatifs aux objectifs en matière de développement durable après 2015. "
L'ex-Présidente de la Finlande a affirmé qu'" une gestion viable des sols, la prévention de leur dégradation et leur remise en état sont des moyens très efficaces et rentables d'éliminer la pauvreté rurale. La terre va offrir de la nourriture ainsi que des emplois et des revenus convenables aux ruraux. En outre, cette gestion est étroitement liée à la disponibilité d'énergie et de sources d'eau."
Elle a ajouté que l'intégration d'une gestion durable des sols en tant qu'élément essentiel des politiques de développement et de la coopération internationale sera avisée du point de vue économique, contribuera à l'amélioration des conditions de vie en milieu rural et atténuera les problèmes environnementaux.
De son côté, Luc Gnacadja a indiqué que l'étude est la première évaluation économique du coût de la désertification en plus de vingt ans. " Elle montre que la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse sont des contraintes fondamentales qui s'opposent à l'obtention d'une résilience sociale et écologique, d'une sécurité alimentaire mondiale et d'une atténuation significative de la pauvreté. Si nous n'agissons pas, ces contraintes resteront le talon d'Achille du développement."
M. Gnacadja a ajouté qu' " il existe des possibilités importantes d'action, mais à moins d'approfondir la compréhension scientifique de la dégradation des sols et de la sécheresse, surtout dans le contexte de l'évolution du climat, la communauté mondiale sera mal placée pour lutter contre les incidences des changements. Continuer sans rien faire n'est plus une option."
L'étude montre que 4 à 12 % du PIB agricole de l'Afrique est perdu en raison de la dégradation de l'environnement. Le coût économique direct de la dégradation des terres varie largement, allant jusqu'à 6,6 % du PIB agricole au Paraguay, 9 % au Burkina Faso et 24 % au Guatemala.
Le prix social à payer est également énorme. Près de 870 millions de personnes souffrent de la faim de façon chronique dans le monde. En Ouzbékistan, le rendement de la production alimentaire a chuté de 20 à 30 % sous l'effet de la dégradation des sols, et en Afrique de l'Est, près de 3,7 millions de personnes ont besoin d'une assistance alimentaire en raison de la sécheresse de 2011.
La dernière évaluation économique de ce type de la désertification a été réalisée en 1992 au titre du Programme des Nations Unies pour l'environnement. À l'époque, le coût direct de ces phénomènes avait été évalué à 42 milliards de dollars par an.
Les conclusions de la Conférence scientifique, qui se termine vendredi 12 avril, seront transmises par le Comité de la science et de la technologie de la Convention à la Conférence des Parties à celle-ci, qui doit se réunir au deuxième semestre 2013.
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