" Au Burundi, le troisième pays le plus pauvre au monde, les revenus issus de la culture du café font, pour une grande partie de la population, la différence entre faim et sécurité alimentaire. Malgré cela, le pays est en train de réformer la filière café d'une manière qui risque de déstabiliser les moyens de subsistance d'un grand nombre de petits producteurs ", expliquent dans un communiqué de presse le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, et l'Expert indépendant sur la dette extérieure et ses effets sur les droits de l'homme, Cephas Lumina.
Les revenus du café représentent 80% des revenus d'exportation du pays. 55% de la population, soit 750.000 familles, dépendent de cette culture, dont une majorité de petits paysans. Près de deux tiers des Burundais vivent sous le seuil de pauvreté et 60% souffrent de malnutrition chronique.
" Les populations vulnérables ne doivent pas être prises en otage par les politiques ratées du passé ", affirment les experts, en se référant aux politiques d'ajustement structurel qui encourageaient les pays en développement à privatiser les entreprises publiques, en particulier dans les années 1980 et 1990.
En 2007, lors de la planification de la privatisation de la filière, le Président burundais déclarait que le café appartenait aux producteurs tant qu'il n'était pas exporté, un arrangement permettant de gérer partiellement la filière et d'avoir des droits sur 72% des revenus issus des ventes de café sur les marchés internationaux.
Cependant, le gouvernement burundais s'est orienté en 2008-2009 vers une privatisation complète de la filière, apparemment sous la pression de la Banque Mondiale, dont le soutien à des programmes de santé publique aurait été lié aux réformes dans le secteur du café. Des stations de lavage du café ont ensuite été vendues à des acteurs privés, entraînant des impacts potentiellement négatifs pour les revenus des producteurs, y compris en termes de volatilité.
" Il y a des signes inquiétants qui montrent que les intérêts des producteurs de café n'ont pas été pris en compte dans le processus de réforme malgré l'ouverture des organisations de caféiculteurs à une réforme de la filière qui leur permettrait de monter dans la chaîne de valeur ", ont souligné MM. De Schutter et Lumina.
Communiqué de l'ONU (657 hits)