Cet article a été co-rédigé avec Monique Henry du CEGEP de St-Laurent (Québec).
Les eaux consommées par l'Homme peuvent inclure les eaux des réseaux de distribution, les eaux embouteillées, les eaux des bornes-fontaines, les eaux des forages et des puits,... Si, pour cet article, on met de côté les eaux en bouteille souvent consommées pour leurs propriétés particulières et habituellement soumises à une réglementation spécifique, les zones plus ou moins urbanisées et/ou riches se distinguent des régions isolées et/ou pauvres : les premières bénéficient souvent d'un réseau de distribution avec branchements particuliers tandis que les secondes se rabattent sur des bornes-fontaines (exemple : villages des alentours de Fianarantsoa à Madagascar), des puits ou des forages (exemple : commune de Zitenga au Burkina Faso).
Une eau destinée à la consommation humaine (réseau de distribution, borne-fontaine, forage, puits,...) doit être "potable", c'est-à-dire qu'il faut qu'elle puisse être consommée sans danger pour l'Homme. Le Code de la Santé Publique (France) ne dit pas autre chose dans son article L1321-1: " Toute personne qui offre au public de l'eau en vue de l'alimentation humaine, à titre onéreux ou à titre gratuit et sous quelque forme que ce soit, y compris la glace alimentaire, est tenue de s'assurer que cette eau est propre à la consommation ".
Heureusement pour nous, dans la plupart de nos pays, les ministères concernés appliquent des réglementations sur l'eau distribuée ou rendue disponible qui fixent des seuils à respecter, que les collectivités ou leurs délégataires, en charge des réseaux de distribution, doivent respecter. Pour les eaux des bornes-fontaines, des puits ou des forages, l'exigence devrait être la même mais leur contrôle est souvent moins fréquent. On mise alors sur leur protection naturelle (eaux souterraines) ou induite (source aménagée avec périmètre de protection). Dans plusieurs pays comme au Québec, dans le cas des puits privés, ce sont les propriétaires qui doivent en vérifier la qualité.
Étant un très bon solvant, l'eau se charge naturellement de diverses substances liées aux conditions ambiantes. Les eaux naturelles peuvent être plus ou moins salines, douces ou dures et nous les exploitons en fonction de leur disponibilité et de leur qualité. Malgré cette variabilité, les seuils fixés par la réglementation sont à respecter et il peut arriver qu'une eau soit naturellement impropre à la consommation du fait d'un seul paramètre. Par exemple, les fluorures sont souvent en trop forte concentration (avant traitement) dans l'eau pompée au sud-ouest de Djourbel (Sénégal). En France, la qualité sanitaire de l'eau est décrite à travers près de 60 paramètres. Comme dans la plupart des pays, ces valeurs limites prennent en compte les recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Si la contamination chimique peut avoir des conséquences à long terme, chroniques, et entraîner un avis de "non consommation", la contamination microbiologique par les bactéries pathogènes, les protozoaires et les virus reste le principal danger à effet aigu, immédiat et les indicateurs dont on dispose actuellement (coliformes totaux et fécaux, par exemple) ne garantissent pas l'immunité de l'eau. Des épidémies dues à des protozoaires, comme la cryptosporidiose qui a eu lieu à Millwaukee (USA) en 1993 et qui a fait plusieurs dizaines de morts et plus de 400 000 personnes atteintes, se sont déclarées alors même que les normes étaient respectées ! Ce qui illustre aussi que ces risques sont un fléau mondial.
Si les normes définies sont respectées, les eaux sont donc "potables". Mais ces eaux peuvent avoir différents faciès. Ainsi les eaux exploitées en Limousin (France) sont par nature très douces, peu alcalines et souvent acides. Elles se différencient nettement des eaux de la région lilloise (France) qui sont extrêmement dures. Ces eaux se distinguent par leurs caractéristiques chimiques mais aussi par leurs propriétés organoleptiques que les traitements de potabilisation pourront avoir atténuées quelque peu. On dit que les eaux du fleuve St-Laurent, fort utilisées au Québec, sont chimiquement équilibrées et que les traitements pour les rendre potables en sont simplifiés.
(voir : actu,20130218103536,1.html)
Dans d'autres pays, ces considérations d'ordre qualitatif sont souvent accentuées voire masquées par l'urgence quantitative, comme c'est le cas à Zinder (Niger). Mais il ne faut jamais oublier que les maladies d'origine hydrique rôdent et qu'il y a souvent péril en la demeure, en raison de la présence potentielle de microorganismes pathogènes dans l'eau. C'est ce que vivent plusieurs communautés de la République Démocratique du Congo (RDC), dont le taux national d'accès à l'eau potable tournait autour de 25% en milieux urbain et semi-urbain en 2007.
Il n'est donc pas vain d'insister sur l'importance d'offrir une eau potable aux consommateurs et de s'assurer de la compétence et de la conscience professionnelle des exploitants et des distributeurs. La tragédie de Walkerton (Canada) en 2000, provoquant la mort de plusieurs personnes, nous le rappelle et nous sert malheureusement maintenant de cas d'école.
[TECHEAUA]
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