Des engagements à saluer, des priorités à ajuster
Paris, le 21 juin 2013. Le G8 de Lough Erne s'est clôturé le 18 juin avec des engagements sur la sécurité nutritionnelle. Le Gret avait porté des recommandations auprès du Président Hollande lors d'une rencontre avec les ONG le 13 juin. Si la lutte contre la malnutrition s'est affirmée comme un objectif spécifique, les engagements du G8 sont fléchés, indépendamment du Global Nutrition for Growth Compact, sur des actions inscrites au sein d'approches sectorielles distinctes et insuffisantes pour réduire de 20 millions le nombre d'enfants malnutris d'ici 2020.
Le G8 de Lough Erne a accueilli l'initiative Global Nutrition for Growth Compact[1] signée lors du G8 nutrition le 8 juin, qui prévoit des engagements spécifiques contre la malnutrition (engagement 55)[2]. 4,15 milliards de dollars ont été promis ou rappelés pour sauver les vies de 1,7 millions d'enfants, améliorer la situation nutritionnelle de 500 millions de jeunes enfants et femmes et réduire de 20 millions le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition. Le Gret salue cet engagement, qui va dans le sens de la Conférence internationale de l'Unicef de faire de la lutte contre la malnutrition un objectif en soi.
Au niveau du G8 : alors que le Global Nutrition for Growth Compact s'engage sur une approche multisectorielle (santé, eau, assainissement, agriculture) au service de la sécurité nutritionnelle, le G8 indique flécher les engagements pour financer la recherche scientifique pour une production agricole enrichie en vitamines, la promotion de l'allaitement maternel, l'appui aux gouvernements du Sud pour l'adoption de plan nationaux de nutrition et s'assurer que les entreprises de ces pays placent la nutrition au coeur de leurs priorités.[3] Le Gret recommande de mettre les engagements promis au service d'une approche multisectorielle pour lutter contre la malnutrition, incluant le soutien à des aliments de compléments produits localement et adaptés aux pouvoirs d'achat des populations pauvres, comme le Global Nutrition for Growth Compact le mentionne.
Concernant le Global Nutrition for Growth Compact, le Gret émet deux réserves : la limitation à 14 pays prioritaires, qui revient à se focaliser sur les pays à population importante en laissant de côté les " petits " pays ayant des taux de malnutrition élevés, et le rôle des ONG réduit à la levée de fonds et à la supervision de leur utilisation sans prendre en compte leur mobilisation indispensable comme acteurs du développement auprès des populations. Le Gret signe ce texte, en précisant ces engagements particuliers.Dans le Global Nutrition for Growth Compact[4], la France ne promet aucun engagement financier permettant de déployer des approches multisectorielles. Elle compte agir contre la malnutrition sur la base de ses cadres d'intervention d'urgence (aide alimentaire), ou sectoriels (cadre stratégique sur la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, engagements pour la santé des enfants sahéliens). Cela exclut les pays asiatiques et s'ancre dans une approche sectorisée (agriculture ou santé) ou urgentiste, qui ne permettra pas de prévenir la malnutrition. " Nous souhaitons que la France précise ses engagements financiers dédiés à lutter contre la malnutrition, et se dote d'un cadre stratégique d'action spécifique pour traduire ses engagements. " précise Olivier Bruyeron, spécialiste nutrition au Gret.
François Hollande rencontrera à nouveau les ONG en amont du prochain G20, qui se tiendra les 5 et 6 septembre sous présidence russe, avant une réunion d'étape organisée par le Global Nutrition for Growth Compact en marge de l'Assemblée générale des Nations unies au mois de septembre.
Lire la position complète du Gret pour le G8: http://www.gret.org/wp-content/uploads/Position-Gret-sécurité-alimentaire-et-nutritionnelle-G8_juin-2013.pdf
Contact presse : Marie Bessières, 01 70 91 92 76 / 06 61 18 24 35, bessieres@gret.org
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