Todd Stern, qui représentait le département d'État des États-Unis en sa qualité d'envoyé spécial pour le changement climatique, a pris la parole lors de la 17e Conférence annuelle sur le changement climatique à Chatham House à Londres. La réunion qui a eu lieu les 21 et 22 octobre à Chatham House, siège de l'Institut royal des affaires internationales, était centrée sur la mise au point de solutions pratiques qui permettront aux États de parvenir à des économies à faible production de carbone.
M. Stern a jeté des pistes pour un " nouvel accord international, ambitieux et durable sur le changement climatique " qui sera pris en considération par la communauté internationale en novembre, lors de la 19e Conférence des Parties sur la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) à Varsovie.
M. Stern a fait savoir que pour succéder au Protocole de Kyoto, le nouvel accord sur le climat doit avoir pour principaux éléments des termes qui " allient la souplesse à la robustesse ", tout en étant ambitieux et inclusifs. Le Protocole de Kyoto, signé en 1997 et entré en vigueur en 2005, a fixé des objectifs de réduction des émissions dans le monde et les calendriers pour les atteindre.
Le négociateur en chef des États-Unis a proposé un accord de deuxième génération qui permette aux États de déterminer seuls la nature et le degré de leur engagement, " dans le respect de leur situation et de leurs possibilités ". Il entrevoit un système qui encourage les États à fixer des objectifs à la fois ambitieux et clairs.
Et de poursuivre : " L'adoption de mesures vigoureuses est un service que nous nous rendons, car nous sommes tous profondément vulnérables au changement climatique. Le monde aura les yeux rivés sur nous pour savoir si nous sommes à la hauteur. " En lieu et place d'un accord doté d'une structure rigide de règles que les États devraient suivre afin de diminuer leurs émissions de GES, l'envoyé des États-Unis propose un accord qui fixe des critères grâce à " des normes et des attentes ". Les normes ont le pouvoir d'insuffler l'ambition au sein des États, assure-t-il, qui s'évertueront " à améliorer leur statut mondial et leur réputation " en répondant à ces attentes.
M. Stern a affirmé que les négociations sur un nouvel accord devaient aller au-delà de " la différenciation, question qui, plus que tout autre, a entravé les négociations sur le climat au cours des 20 dernières années ". Les dispositions du Protocole de Kyoto établissent une distinction entre les pays industrialisés qui ont émis les plus grandes quantités de GES avant 1992, lorsque la CCNUCC a été élaborée, et les économies émergentes qui depuis lors ont considérablement contribué aux émissions totales de CO2 de la planète.
L'opposition des États-Unis au Protocole de Kyoto sous le gouvernement du président George W. Bush provenait en grande partie de cette mesure. Le gouvernement de l'époque a rejeté le principe stipulant que les pays développés étaient les seuls à devoir réduire leurs émissions de GES. C'est pour cette raison que les États-Unis se sont retirés du protocole en 2001.
M. Stern a fait observer que les pays en voie de développement ne devraient pas être obligés d'inhiber leur développement industriel pour atténuer le changement climatique. Toutefois, un accord du XXIe siècle ne devrait pas reposer sur des catégories de pays définies en 1992, a-t-il ajouté. M. Stern a précisé que la situation des pays en matière d'émissions avait été bouleversée depuis lors. En effet, les pays en voie de développement ne représentaient que 45 % des émissions à l'époque, alors qu'aujourd'hui, ils sont responsables de plus de 60 % d'entre elles.
" Aujourd'hui, en 10 ans, le monde produit autant d'émissions que toutes les émissions cumulées produites avant 1970, a-t-il continué. Il est injustifié d'attribuer la faute aux pays développés pour les émissions produites avant que le monde ne comprenne que celles-ci étaient délétères. "
Venir en aide aux économies émergentes afin de leur permettre de développer des économies à énergie propre est une autre question importante qui influence les négociations à venir à Varsovie. Les États-Unis allouent environ 2,5 milliards de dollars par an à cette fin, six fois plus que les niveaux de financement de 2008, a tenu à faire remarquer M. Stern, en ajoutant qu'il était tout à fait possible d'attirer l'investissement privé dans l'innovation faible en carbone.
Tout en mettant l'accent sur un prochain accord international, M. Stern a rappelé à son auditoire que " les principaux moteurs d'action sur le climat sont les pays actifs au niveau national ".
Il a évoqué le Plan d'action pour le climat annoncé plus tôt cette année par le gouvernement de M. Obama, les nouvelles propositions sur les limites d'émissions de carbone des nouvelles centrales électriques aux États-Unis et les nouvelles règles visant à réduire de moitié la consommation de carburant des véhicules dans le secteur du transport aux États-Unis.
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