De manière concertée, Omer Gatien Malédy, secrétaire exécutif du Conseil Interprofessionnel du Cacao et Café (CICC) et les producteurs de cacao du département du Nyong-Ekellé ont, à travers les différents rapports d’activités de la campagne en cours présentés par les responsables des organisations de producteurs du département du Nyong-Ekellé (région du Centre), répertorié l’ensemble des problèmes (davantage endogènes) qui minent la filière et diluent les efforts des producteurs.
Principalement : le phénomène de «coxage» (commerce frauduleux des fèves de cacao), l’inorganisation des marchés, le problème d’identification des acheteurs agréés, le manque de financements, de moyens de transport, d’intrants et d’infrastructures ; la faible formation des producteurs ; l’absence des statistiques fiables sur la commercialisation ; le problème des prélèvements arbitraires et abusifs et de la mentalité obscurantiste des producteurs.
C’était au cours de la réunion d’évaluation du déroulement de la campagne cacaoyère 2013-2014 du Nyong-Ekellé, assises organisées dans la ville d’Eséka, les 29 et 30 avril 2014.
En effet, un peu comme le philosophe grec Socrate qui amenait ses interlocuteurs à «accoucher les esprits», pendant les débats très conviviaux, et en fin pédagogue, le secrétaire exécutif a fini par faire prendre conscience de leurs tares aux producteurs. Après le processus d’introspection, ces derniers ont fini par reconnaître leurs écarts de comportement et le climat de mésentente qui profitent à tout le monde, et jamais à eux-mêmes.
Au final, les producteurs ont pris la résolution de mettre fin à la principale gangrène que constitue le «coxage» dans la localité. Pour trouver par eux-mêmes des solutions efficaces et durables aux différents problèmes qui se posent à leur secteur d’activités, ils se sont engagés à mettre fin à la multitude d’organisations existantes (90) pour faire place à une coopérative des producteurs du département.
Ainsi l’union faisant la force, les producteurs peuvent dorénavant valablement défendre leurs intérêts communautaires, avoir des statistiques fiables sur la commercialisation du cacao, devenir indépendants des financements et acteurs extérieurs, et tirer grand profit du produit de leur dur labeur.
Bien plus, la mise sur pied d’une coopérative permet aux producteurs du Nyong-Ekellé de remplir les nouvelles conditions d’affiliation des organisations de producteurs auprès du CICC (être une coopérative produisant au moins 20 000 tonnes de cacao ou de café par an) et de respecter les exigences de qualité et de traçabilité du produit à écouler sur le marché international.
Cette démarche du CICC participe de la volonté manifeste du gouvernement, à travers les ministères de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER) et du Commerce (MINCOMMERCE), d’impulser la nouvelle dynamique pour la durabilité et la profitabilité par tous les acteurs des retombées des deux filières cacao et café au Cameroun.
Pierre Amougou