Comme le montre le présent rapport annuel, le PNUE en 2013 a eu beaucoup de succès et a entrepris de nouvelles initiatives pour relever les défis environnementaux pressants auxquels le monde est aujourd'hui confronté. Il est bon de souligner tout le travail de l'organisation, mais je voudrais me concentrer sur une question qui me tient particulièrement à cœur.
Cela fait trente ans que le dernier éléphant est mort en Mauritanie, mon pays d’origine, après une période de braconnage qui a touché toute l'Afrique. Cela constitue sans aucun doute une tragédie et pendant un certain temps il semblait que des leçons avaient été tirées de cette expérience. En 1989, la Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore sauvages menacées d'extinction a interdit le commerce international de l'ivoire. De l’espoir a surgi à l’idée que l'abattage massif d’éléphants pouvait être entravé, et en effet, une baisse des massacres a été enregistrée dans les années 90.
Cependant, au cours des dernières années une forte augmentation du braconnage a conduit au massacre de milliers d'éléphants pour leur ivoire, nous rappelant la mauvaise époque de la fin des années soixante-dix et quatre-vingt, lorsque la population des éléphants d’Afrique a chuté passant de 1,3 million à 600 000 individus. En 2011 uniquement, les braconniers ont ôté la vie d’au moins 17 000 créatures intelligentes et sympathiques. Les dernières estimations déclarent qu’il ne reste plus que 420 000 éléphants en Afrique.
Les réseaux criminels organisés responsables de ce braconnage détruisent non seulement des espèces, mais aussi les moyens de subsistance des communautés qui dépendent du tourisme de la faune et mettent en péril la vie des rangers. Cela ne peut plus continuer, et le PNUE et ses partenaires entreprennent de nombreuses initiatives pour lutter contre ce commerce illégal. A titre d’exemple le plan d’action pour l’éléphant d’Afrique, forme des rangers du parc à combattre le braconnage et construit des clôtures pour minimiser les conflits entre les hommes et les éléphants. Dans le même sillage, l'exposition Wild and Precious ( sauvage et précieux), organisée conjointement avec CITES, vise à réduire la demande des consommateurs pour l'ivoire, la corne de rhinocéros ainsi que d'autres produits illégaux issus de la vie sauvage en montrant le prix du sang versé pour ces marchandises.
En juin de cette année, la toute première Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA) se tiendra à Nairobi, au cours de laquelle, un des sujets majeurs sera la primauté du droit environnemental pour luter contre l’exploitation illégal de la vie sauvage et du bois. Cette réunion historique des ministres de l'environnement n’intervient pas trop tôt. Elle offre une occasion unique pour renforcer l’élan politique et le soutien financier de l’action requise de façon urgente pour la sauvegarde des éléphants, mais aussi des rhinocéros, des forêts et des autres ressources naturelles qui sont la cible des criminels uniquement intéressés par l’appât du gain.
En février, 46 États ont approuvé la « déclaration de Londres », qui met l'accent sur des mesures urgentes pour mettre fin au trafic de la faune et éliminer la demande grâce à l’engagement politique de haut niveau et la coopération internationale. C’est un signe fort qui montre que la communauté internationale est prête à travailler ensemble pour mettre fin à cette crise. Désormais, des mesures nouvelles et fortes doivent être appliquées, allant du renforcement de l'application de la loi et l’arrêt de la demande, pour donner plus d'importance à la gestion des ressources naturelles et le développement économique durable. La mise en œuvre à l’échelle nationale et internationale, de stratégies et de cibles approuvées dans le domaine de la biodiversité, tels que les objectifs d’Aichi fixés par le Plan stratégique pour la diversité biologique, 2011-2020 doivent être au centre d’une telle action.
J'espère que les États membres participant à l’UNEA apporteront un poids à ce nouvel effort mondial et concerté, et feront en sorte que nous ne fassions pas face à un avenir dans lequel l'une des espèces les plus emblématiques de l'Afrique, et bien d'autres trésors de la biodiversité, soient perdus dans la nature.
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