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Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement : Un regard féministe sur la première Réunion ministérielle de haut niveau


La première Réunion ministérielle de haut niveau du Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement a eu lieu à Mexico du 15 au 16 avril 2014. Il s’agissait de la plus récente réunion sur l’efficacité de l’aide depuis le quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au développement de Busan, en Corée du Sud (2011). Tandis que les engagements de Busan ont bénéficié d’un certain appui, un nombre d’aspects demeure préoccupant.
Par Nerea Craviotto, Awid
Plus de 200 organisations de la société civile (OSC) étaient représentées parmi les quelques 1500 délégués[1] qui ont pris part à la première Réunion de haut niveau (RHN) du Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement (PMCED) à Mexico. Tandis que les délégués se sont entendu sur le titre final du Communiqué, « Œuvrer à l’élaboration d’un Programme de développement inclusif pour l’après-2015 » (qui vise à favoriser la coopération au développement et à assurer son inclusion dans le programme de développement mondial pour l’après-2015) la réunion a suscité des réactions mitigées et s’est attirée les critiques des OSC.
Le PMCED et ses inquiétudes quant à la participation du secteur privé à la coopération au développement
Le Communiqué de Mexico s’appuie sur cinq secteurs prioritaires choisis pour cette conférence (quelque peu arbitrairement par les coprésidents[2] sortant et Mexico) : les progrès accomplis depuis Busan et le développement inclusif, la mobilisation des ressources intérieures, la coopération Sud-Sud, les pays à revenu intermédiaire et la collaboration avec les entreprises[3]. Peu d’attention a été accordée au Rapport d’étape « Vers une coopération pour le développement plus efficace » ainsi qu’aux réalisations et défis recensés depuis le FHN de Busan. Ainsi, l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes ne faisaient pas partie des priorités de la réunion.Le Partenariat des OSC pour l’efficacité du développement (POED), formé d’une vaste gamme d’organisations de la société civile de toutes les régions, publie un communiqué de presse déclarant que « la Réunion mexicaine de haut niveau ne va pas assez loin pour les peuples ».Le Communiqué indique un appui variable envers le développement inclusif, en ce qu’il mentionne le besoin de délier l’aide, de favoriser la prise en charge démocratique par les pays, d’augmenter les taux d’imposition, d’utiliser les systèmes nationaux, de promouvoir l’égalité des genres et de reconnaître les OSC en tant qu’acteurs indépendants du développement. Les OSC ont été déçues que dans le document final de Busan, peu de progrès aient été réalisés relativement à l’établissement d’un environnement favorable aux OSC et à l’adoption, par le PMCED, d’une approche fondée sur les droits humains. La promotion à outrance du rôle des entreprises dans le développement, ainsi que le manque de mesures assurant la transparence et la redevabilité des entreprises aux peuples, n’ont fait qu’aggraver les choses[4].
L’égalité des genres et l’autonomisation des femmes
S’appuyant sur les engagements pris au FHN de Busan dans le domaine de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes, comme indiqué au §20 : « Reconnaissant que l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes sont essentielles pour un développement concret, nous devons accélérer nos efforts pour faire de ces notions des réalités, en mettant en place des programmes de développement axés sur les priorités des pays. La réduction des inégalités hommes-femmes est à la fois une fin en soi et une condition préalable à l’instauration d’une croissance solidaire et pérenne »[5]. L’indicateur huit du Cadre de suivi du Partenariat mondial[6] du Communiqué de Mexico mentionne en outre que « le suivi des allocations de ressources affectées à l’égalité homme-femme et l’autonomisation des femmes » (§18) est une étape cruciale, parmi d’autres[7], « vers le renforcement de la redevabilité mutuelle ». Ces mentions sont particulièrement importants pour les institutions et les organisations qui surveillent le financement à l’appui de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes, notamment à l’échelon national. Ces documents pourront être employés dans les concertations sur les politiques pour appuyer la mobilisation des ressources en faveur de l’égalité des genres et des droits des femmes. Cela dit, le Communiqué de Mexico n’a pas effectivement reconnu ou appuyé d’autres engagements pris au FHN de Busan (c.%u2011à%u2011d., l’accès aux données ventilées selon le genre, ainsi que l’inclusion de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes aux mécanismes redditionnelles, répondre à l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes dans tous les aspects du développement, y compris la paix et le renforcement de l'Etat).La RHN de Mexico a aussi vu les États, les entreprises, les fondations privées et la société civile lancer 38 initiatives volontaires présentées à l’Annexe du Communiqué.
Dans le cadre de l’Initiative 21 Gender Equality: delivering on the Busan Commitments, ONU Femmes, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le POED s’engagent à collaborer, ensemble et avec d’autres, en vue d’intensifier les efforts pour : Aider les pays, y compris les pays développés, à renforcer leurs systèmes de suivi et d’attribution des fonds publics en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes ; Encourager les donateurs et donatrices à intensifier leur soutien aux pays partenaires, à ONU Femmes et aux organisations de femmes de façon à renforcer et à surveiller l’efficacité des institutions responsables ; Approfondir les concertations multipartites inclusives et démocratiques sur l’égalité des genres et les droits des femmes aux niveaux national et régional, ainsi qu’augmenter le nombre de pays qui effectueront la surveillance des indicateurs d’égalité de l’après-Busan. Il s’agit là une occasion d’élaboration des stratégies futures entre institutions et organisations pour faire progresser les initiatives.Au cours de la séance sur l’égalité des genres de la RHN qui visait à évaluer les progrès accomplis depuis Busan[8], les participant%u2011e%u2011s s’entendaient pour dire que l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes demeuraient des objectifs non réalisés et qu’il fallait en faire davantage. « Là où il y a une volonté politique, il y a un véritable changement », a dit Ram Sharan Mahat, ministre des Finances du Népal. John Hendra, directeur exécutif adjoint, Bureau des politiques et des programmes d’ONU Femmes, a pour sa part ajouté que « l’augmentation des niveaux de ressources octroyées est cruciale ». Roselynn Musa, directrice des programmes chez FEMNET et coprésidente sortante du POED, a rappelé aux participant%u2011e%u2011s l’importance d’inclure les organisations féminines et féministes aux différentes étapes du processus de développement. Les participant%u2011e%u2011s ont convenu que l’enjeu devait bénéficier d’une meilleure sensibilisation et de plus amples ressources, mais aussi de champion%u2011ne%u2011s, pour combler l’écart.
Prochaines étapes
La RHN de Mexico n’a pas réussi à définir le rôle du PMCED au sein du contexte élargi du cadre de développement et des discussions entourant l’après-2015. Qui plus est, le PMCED n’est pas la seule arène pertinente pour ces discussions, étant donné qu’il existe déjà un partenariat mondial, avec OMD 8, qui a ses assises dans le Consensus de Monterrey (2002) et ses conférences internationales ultérieures (Doha, 2008). Après Mexico, le PMCED doit réfléchir stratégiquement à sa valeur ajoutée, à l’efficacité dans la coopération au développement, aux façons d’éviter les chevauchements (avec, par exemple, le Forum pour la coopération en matière de développement) et aux moyens de forger sa place au sein du prochain cadre de développement.Les organisations et les défenseures des droits des femmes, notamment celles qui travaillent au sein du groupe féministe du POED[9], continueront de surveiller le PMCED et d’attirer l’attention sur les aspects préoccupants. Ce faisant, elles surveilleront non seulement les engagements pris en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes, mais aussi la mesure dans laquelle ceux-ci sont respectés, et elles participeront de manière critique aux discussions sur les politiques.
[1] Y compris des représentant%u2011e%u2011s des États, des entreprises, des fondations privées et de la société civile, ainsi que des organisations pour les droits des femmes.[2] Le Nigeria, la République de Corée et le Royaume-Uni.[3] La Communiqué a aussi souligné l’importance de la coopération Sud-Sud, la nécessité d’assurer la mobilisation adéquate des ressources intérieures publiques et privées, le besoin d’assouplir l’approche au développement pour les pays à revenu intermédiaire et le rôle des petites et moyennes entreprises (telle que résumée par Glennie, J. « Development partnership conference: what did we learn? » dans The Guardian, 22 avril 2014).[4] Pour en savoir plus, voir Jones, S. « Global alliance warns of no end to poverty unless countries pull together » dans The Guardian, 17 avril 2014.[5] Le texte intégral est disponible à :http://effectivecooperation.org/files/OUTCOME_DOCUMENT_-_FINAL_FR.pdf[6] Pour de plus amples renseignements, consulter : http://effectivecooperation.org/files/about-trackingprogress/INDICATORS.pdf[7] La ponctualité, l’exhaustivité, la comparabilité, l’accessibilité, l’utilité et le caractère prévisionnel des informations[8] On comptait, parmi les panélistes, des représentant%u2011e%u2011s du groupe féministe de la POED, de la Finlande, du Népal, du Nigeria, de l’OCDE, de la Suède et d’ONU Femmes.[9] Formé par le African Women’s Economic Policy Network (AWEPON), le Réseau des femmes africaines pour le développement et de la communication (FEMNET), la Articulación Feminist Marcosur, le Asia Pacific Forum on Women, Law and Development (APWLD), l’Association pour les droits de la femme et le développement (AWID), le Forum for Women’s NGOs of Kyrgyzstan, le Network for Women’s Rights in Ghana (NETRIGHT) et WIDE .
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