L’ampleur de la flambée d’Ebola, notamment au Libéria et en Sierra Leone, a été sous-estimée pour un certain nombre de raisons.
De nombreuses familles cachent chez elles les malades. Comme il n’y a pas de traitement, certains pensent que les êtres chers qui sont infectés seront mieux entourés à domicile pour mourir.
D’autres nient la maladie à virus Ebola et croient que les soins dans une unité d’isolement, considérée comme un incubateur de la maladie, conduiront à l’infection et à une mort certaine. Nombreux sont ceux qui craignent la stigmatisation et le rejet social frappant les patients et les familles lorsque le diagnostic est confirmé.
Ces flambées évoluent rapidement et posent des difficultés aux nombreux partenaires internationaux apportant leur appui. Les effectifs en personnel et les quantités de fournitures et de matériel, y compris les équipements de protection individuelle, n’arrivent pas être maintenus au niveau des besoins. Les moyens des hôpitaux et les capacités de diagnostic ont été dépassés.
De nombreux centres de traitement et dispensaires généraux ont fermé. La peur conduit les patients à éviter ces établissements et le personnel médical à prendre la fuite.
Dans les villages des zones rurales, les défunts sont enterrés sans notifier les responsables de la santé et sans avoir enquêté sur la cause du décès. Dans certains cas, des épidémiologistes se sont rendus dans les villages et prennent pour indicateur brut des cas suspects le décompte des tombes récentes.
Dans certaines régions du Libéria, on observe un phénomène qui n’a jamais eu lieu lors de précédentes flambées. Dès qu’un nouveau centre de traitement ouvre, il se remplit immédiatement de patients qui, pour la plupart, n’avaient pas encore été identifiés. Cela évoque fortement l’existence de cas en attente qui n’ont pas été détectés par le système de surveillance.
À Monrovia par exemple, la capitale du Libéria, un centre de traitement de la maladie à virus Ebola doté de 20 lits, qui a ouvert la semaine dernière, a été immédiatement submergé par plus de 70 patients.
L’existence de nombreuses « zones d’ombre » constitue un problème supplémentaire. Il s’agit de villages où il y a des rumeurs de cas et de décès, avec une forte suspicion que le virus Ebola en soit la cause, mais qui ne peuvent faire l’objet d’investigations à cause de la résistance des communautés ou du manque de personnel et de véhicules.
Dans certaines zones, en particulier à Monrovia, pratiquement tous les services de santé ont fermé leurs portes. Ce manque d’accès à toutes formes de soins a contribué à l’émeute survenue samedi à un établissement accueillant les sujets infectés par Ebola dans le quartier de West Point, le bidonville du Libéria le plus touché par la maladie.
Des rumeurs se sont répandues selon lesquelles ce centre, mis hâtivement en place par les autorités locales dans une école abandonnée, était en fait un dispensaire de soins généralistes. Des personnes d’autres communautés ont alors amené leurs proches souffrants qui ont été placés avec des cas suspects d’Ebola.
La présence de ces patients venant d’autres communautés a mécontenté la population de West Point et ce ressentiment a provoqué une émeute, suivie de pillages faisant que des matériels potentiellement contaminés ont été amenés dans ces autres communautés.
En Sierra Leone et au Libéria, les épidémiologistes de l’OMS collaborent avec d’autres institutions, dont Médecins Sans Frontières et les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis, pour produire des estimations plus réalistes et communiquer ainsi sur la véritable ampleur des besoins.
Communiqué de l'OMS (623 hits)