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Tchad : les défis de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement


À dix ans de l’échéance prévue pour l’émergence du Tchad - cap fixée à 2025 -, les chiffres concernant l’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont très alarmants et les moyens mis pour améliorer cette situation restent très faibles.

D’après l’Enquête Démographique et de Santé au Tchad (EDST 2009), la couverture en eau potable dans tout le territoire national est de 36% variant entre zones rurale et urbaine de respectivement 30% et 57%. De même, la couverture en assainissement de base au niveau national est très faible (de l’ordre de 4% seulement) variant entre zones rurale et urbaine de respectivement 1% et 17%. Ces chiffres font du Tchad l’un des derniers pays au monde, en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement avec des conséquences énormes sur le plan sanitaire et économique, souligne OUMAR BARKAI, Consultant en Géosciences et environnement, dans un récent rapport publié en novembre 2014.

D’après la même étude, 2,7 millions de Tchadiens utilisent des latrines insalubres ou partagées ; 6,7 millions n’ont pas de latrines du tout et font leurs besoins en plein air. Le manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement est la première cause de mortalité dans le pays. Environ 19.000 Tchadiens, notamment 15.900 enfants de moins de 5 ans, meurent chaque année de diarrhée : ces décès sont à presque 90% directement attribués à l’impureté de l’eau et au manque d’assainissement et d’hygiène (WASH). En outre, le mauvais assainissement est un facteur contributif, de par son impact sur les taux de malnutrition, aux autres causes principales de mortalité infantile, notamment le paludisme, les maladies respiratoires graves et la rougeole.

À cause de cette situation catastrophique, le Tchad perd environ 79 milliards de FCFA chaque année, selon une étude documentaire du Programme Eau et Assainissement (WSP). Cette somme est équivalente à 15$ US par personne au Tchad et par an, ou 2,1 % du PIB (Produit intérieur brut) national. Présentement, le Tchad investit moins de 0,2% de son PIB dans le secteur de l’assainissement. Le niveau actuel de l’accès à l’eau et à l’assainissement n’est pas le fruit d’un investissement en faveur des OMD.

L’expert OUMAR BARKAI propose en revanche que des mesures urgentes soient prises, afin d’inverser la tendance. « Des efforts importants doivent être accomplis en vue d’améliorer le cadre de vie des populations urbaine et rurale. Il s’agit là d’une question qui touche la dignité humaine. Lorsque plus de la moitié de la population d’un pays passe le clair de son temps à chercher soit de l’eau potable ou un endroit où déféquer, alors toute politique ou programme de développement se doit d’inclure cette préoccupation majeure au cœur même de son action. L’amélioration du cadre de vie des Tchadiens à travers un meilleur accès à l’eau potable et à l’assainissement est un préalable pour notre émergence, qu’elle soit en 2025 ou non », a-t-il suggéré.

 

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