Le temps presse pour le Canada de monter « à bord » des négociations en vue de la conclusion d’un accord de lutte contre les changements climatiques à Paris en décembre, a rappelé, tout en nuance, le nouvel ambassadeur de la France au pays.
« Nous y sommes ! Il reste moins de 250 jours avant le grand rendez-vous. » « Il s’agit d’un laps de temps très court si l’on considère l’enjeu »,a martelé jeudi Nicolas Chapuis devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). « Il y a déjà plein de réunions informelles qui se tiennent tous les jours. En fait, les négociations ont lieu actuellement. À Paris, on conclura », a poursuivi en point de presse le diplomate arrivé en poste au début du mois dernier. « En juin, ce sera fini, on sera fixé. L’essentiel aura été fait. On saura alors où on en est. Quelles seront les perspectives d’accord. »
Les pays participants avaient convenu, l’automne dernier, à Lima, de divulguer leurs cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour le 31 mars, a rappelé l’ambassadeur. L’Union européenne, les États-Unis et la plupart des autres pays développés représentant 80 % des émissions de GES des économies industrialisées ont tenu parole. Des pays du Sud, comme le Mexique et le Gabon, ont fait de même et devraient être imités, d’un jour à l’autre, par l’Inde, et un peu plus tard par la Chine.« Mais nous attendons surtout que le Canada soit à bord. »
Un rendez-vous avec l’Histoire
« Plus encore que la date de cette contribution, c’est le niveau d’ambition du Canada qui sera attentivement scruté [notamment] par d’autres États indécis », a fait valoir le diplomate. L’accumulation de preuves scientifiques ne laisse plus de doute possible quant à la responsabilité humaine dans les changements climatiques, quant à l’impact désastreux de ces derniers et quant à l’urgence d’agir, a-t-il rappelé à un auditoire d’environ 300 personnes. « Il ne sert à rien de parler économie, business, culture, francophonie, Québec, Montréal, Canada si on n’a plus de planète ! »
La Conférence de Paris doit déboucher sur un premier accord de réduction des GES juridiquement contraignant qui engloberait l’ensemble des pays, aussi bien du Nord que du Sud, mais tout en tenant compte du droit au développement des plus pauvres. Le Français admet volontiers que les engagements qui ont été pris jusqu’à présent seront insuffisants. Mais ils pourront toujours être relevés plus tard. Le plus important est le cadre international qu’on essaie de mettre en place. « Paris sera un accord historique. Le Canada ne peut pas ne pas être un acteur à Paris. »
Au-delà du poids relatif plutôt modeste (2 %) du Canada dans le total des émissions de GES, son importance dans les négociations vient de son image de défenseur de la voie multilatérale et de l’influence qu’il pourrait avoir sur les pays qui restent encore à convaincre. Nicolas Chapuis a dit respecter que le pays ne veuille pas faire de promesses qu’il ne soit pas sûr de pouvoir tenir. Il a vanté la compétence de sa négociatrice en chef pour la Conférence de Paris, Louise Métivier. Il a vanté l’avance technologique canadienne dans certains domaines, comme le captage et le stockage du carbone, de même que la grande diversité de ses sources d’énergie, souvent renouvelables. Il a aussi salué les efforts déployés par les provinces qui tiendront un sommet sur cet enjeu dans deux semaines.
« Vous avez été très poli »,a indiqué l’ancien ambassadeur du Canada, notamment à Paris et à Washington, Raymond Chrétien, qu’on avait invité pour remercier le conférencier. « Le Canada se classe parmi les derniers sur cet enjeu depuis plusieurs années. Cela remonte même bien avant le gouvernement actuel. »
Le diplomate français n’est pas sorti de son rôle lorsqu’il a rencontré la presse quelques minutes plus tard. Ce rôle, a-t-il expliqué, est celui de représentant du pays qui assumera la présidence de la Conférence de Paris, « et la présidence est, par définition, accueillante, courtoise et polie. Parce que la présidence est là pour rassembler ».
Source: Le Devoir