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Brève de l'IRD sur la 3eme Conférence Scientifique de la Convention des Nations Unies de Lutte contre la Désertification


La 3eme Conférence Scientifique de la Convention des Nations Unies de Lutte contre la Désertification (UNCCD en anglais) s’est tenue au Mexique à Cancun du 9 au 12 mars 2015.  Le format des ces conférences est particulier : conçues comme des sessions spéciales du Comité pour la Science et la Technologie de la Convention elles associent  des scientifiques, des représentants des gouvernements, de la société civile et des organisations intergouvernementales.

Un consortium piloté par Agropolis International (Montpellier), dont l’IRD est membre*, conseillé par le Comité Scientifique Français de la Désertification (CSFD), a organisé le contenu de cette troisième édition.  Le format original proposé, basé sur des discussions lors d’une quinzaine d’ateliers, stimulées par la distribution d’un « impulse report » avant la conférence, a permis de tirer des conclusions sur trois grands volets, dont voici quelques points saillants  :

  • Diagnostic des contraintes : le poids de la dégradation des terres et du changement climatique dans la perte de production agricole, et des autres produits fournis par les régions sèches est assez bien compris. Les interactions entre ces deux phénomènes sont moins connues et il reste à prendre en compte d’autres services non monétisables, ce qui requiert une reconnaissance de l’importance des cultures et savoirs traditionnels.                                      
  • Réponses : les réponses contextualisées à ces contraintes doivent être mises en place en conciliant les besoins des communautés au niveau local avec les solutions proposées par les scientifiques et les décideurs, à travers une approche participative. Les difficultés rencontrées sont bien plus souvent de nature économique et de gouvernance que techniques, les savoirs locaux et la dimension foncière font partie de l’équation.
  • Suivi et évaluations : la télédétection combinée avec des observations de terrain (dont celles collectées par smartphones) permet maintenant de faire des évaluations et suivis aux différentes échelles depuis la ferme, puis au niveau national, et jusqu'au niveau global. Il est cependant indispensable d’impliquer les différents acteurs concernés pour évaluer correctement les couts/bénéfices et les évolutions aux différents niveaux. Des indicateurs et des démarches ad hoc devront également être adoptés en synergie avec les autres conventions afin de minimiser les coûts pour les pays.

L’ensemble des conclusions seront reprises par l’Interface Science-Politique (Science Policy Interface) récemment installée au sein de la convention pour en tirer des propositions d’actions à la prochaine Conférence des Parties (COP 12 de l’UNCCD à Ankara en octobre 2015).

Du fait des relations très fortes mises en évidence entre les défis planétaires, objets des 3 conventions de Rio, que sont la perte de biodiversité, la dégradation des terres et le changement climatique, un cadre général pour l’évaluation des progrès réalisé s’impose comme une évidence. La « neutralité du point de vue de la dégradation des terres » que promeut l’UNCCD au niveau international est un objectif qui permet de gagner sur trois tableaux : augmenter les quantités de carbone retenues dans les terres, augmenter les capacités des petits agriculteurs et des pasteurs à résister et s’adapter aux changements du climat, et augmenter globalement la production des régions sèches. Cet objectif figure actuellement dans le texte adopté à Rio 20 par les pays membres de l’ONU, et devrait être l’un des objectifs de développement durable (ODD) qui seront adopté en septembre 2015 lors de la prochaine session de l’ONU. Son contenu scientifique reste à préciser.

La nécessité d’une gestion plus durable des terres, privilégiant l’intensification écologique, le renforcement de la fertilité organique des sols,  est de fait un sujet qui émerge dans l’actualité internationale, traité également dans la  conférence sur la Climate Smart Agriculture qui a suivi à Montpellier du 16-18 mars 2015 et qui sera repris lors de la Global Soil Week en avril à Berlin

En conclusion, « ne rien faire n’est pas une option » et plus que jamais les efforts pour mieux gérer notre planète requièrent un partenariat international associant l’ensemble des parties prenantes. La COP21 sur le climat est une étape cruciale dans la prise d’engagements pour maitriser le réchauffement climatique, et la lutte contre leur dégradation par une gestion durable des terres est un des leviers clés à actionner pour y parvenir.

Communiqué de l'IRD

Source : IRD

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