Le néologisme « agro-écologie » est apparu dans la littérature dans les années 30, d’abord pour désigner une discipline scientifique au carrefour de l’écologie et de l’agronomie, puis à partir des années 70 un ensemble de pratiques et un mouvement social en réaction à l’intensification de l’agriculture (Wezel et al., 2009). Francis et al. (2003) ont encore élargi cette définition en considérant l’ensemble des dimensions environnementales et socio-économiques à l’échelle des filières. Dans son acception scientifique, qui est l’angle choisi dans cette étude, l’agro-écologie se définit comme l’application des concepts et principes de l’écologie à la conception et à la gestion d’agroécosystèmes durables. La question du bouclage des cycles pour limiter les intrants et les pollutions par une meilleure réutilisation des sorties des différents ateliers est au coeur de ces problématiques. On vise également un recours accru à des régulations biologiques et écologiques que l’on cherche à piloter au mieux des attendus de l’élevage. Ceci implique de prendre en compte la diversité biologique à tous ses niveaux d'organisation, de comprendre et d’utiliser les capacités adaptatives des animaux et les interactions biotiques dans les agroécosystèmes, en considérant les systèmes de culture ou les systèmes d'élevage comme des écosystèmes particuliers (Dumont et al. 2013). Ainsi, l’agro-écologie s’inscrit-elle dans un mouvement de fond autour du « Comment produire autrement ? » dans des systèmes de production dont on cherche à concilier les performances techniques, environnementales, économiques et sociales.
Lancé le 18 décembre 2012, le Projet Agro-Ecologique pour la France (PAEF) vise à conjuguer l’ensemble de ces performances tant au niveau de l'exploitation qu’au niveau collectif (territoires, filières, etc.). Il s’agit d’engager une évolution des systèmes de production, qui remette l’agronomie au coeur des pratiques, pour combiner ces différentes performances. La Loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 dite Loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt en donne la définition suivante : « Les politiques publiques visent à promouvoir et à pérenniser les systèmes de production agro-écologiques, dont le mode de production biologique, qui combinent performance économique, sociale, notamment au travers d’un haut niveau de protection sociale, environnementale et sanitaire. Ces systèmes privilégient l'autonomie des exploitations agricoles et l'amélioration de leur compétitivité, en maintenant ou en augmentant la rentabilité économique, en améliorant la valeur ajoutée des productions et en réduisant la consommation d'énergie, d'eau, d'engrais, de produits phytopharmaceutiques et de médicaments vétérinaires, en particulier les antibiotiques. Ils sont fondés sur les interactions biologiques et l'utilisation des services écosystémiques et des potentiels offerts par les ressources naturelles, en particulier les ressources en eau, la biodiversité, la photosynthèse, les sols et l'air, en maintenant leur capacité de renouvellement du point de vue qualitatif et quantitatif. Ils contribuent à l'atténuation et à l'adaptation aux effets du changement climatique. »
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