Le succès de l’Accord de Paris relance la dynamique mondiale de la lutte contre le changement climatique. Il en pose les enjeux sans détour : l’humanité doit parvenir, dans la seconde moitié de ce siècle, à un monde qui absorbe autant de carbone qu’il en émet. À plus court terme, la décennie qui vient sera cruciale :ne pas augmenter la température de plus de 2°C suppose, de la part de tous les pays, un effort de réduction supplémentaire des émissions de gaz à effet de serre (GES) que l’on peut estimer à 30 % par rapport aux engagements pour 2030 adoptés en amont de la conférence de Paris (graphique 1). Cet effort sera d’autant plus difficile à réaliser qu’il devra s’exercer dans un monde où l’énergie carbonée restera vraisemblablement abondante et accessible à un coût modéré.
L’Union européenne devra donc, en liaison avec les États-Unis et la Chine, aller au-delà de son objectif de réduction de 40 % de ses émissions de 1990 à 2030. Cela suppose qu’elle réduise très fortement son recours aux hydrocarbures et au charbon et qu’elle crée un véritable signal-prix carbone dans son économie. Pour cela, elle devra très probablement incorporer dans son marché de quotas de carbone un prix plancher (qui pourrait ne concerner dans un premier temps que la production électrique) et envisager la création d’une taxe carbone européenne. Elle devra également revoir l’organisation d’un marché de l’électricité qui ne permet plus de lancer de nouveaux investissements sans soutien public.
La France doit désormais axer ses efforts sur la réduction des émissions du transport, du résidentiel/ tertiaire et de l’agriculture. Avec une baisse de près de 19 % de ses émissions depuis 1990, due, il est vrai, pour partie à la crise de 2008 et à ses prolongements, le pays est bien engagé dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, cette baisse provient pour l’essentiel du secteur industriel et de la production d’énergie : la production d’électricité est ainsi quasiment décarbonnée. Atteindre la neutralité carbone entre 2050 et 2100, sans dégrader la compétitivité, va obliger à repenser l’ampleur, le rythme et la répartition sectorielle des efforts.
La France et l’Europe vont devoir prendre des options pour l’avenir sans savoir quelle sera l’attitude de leurs partenaires. La fixation d’orientations, le choix du mix électrique, la taxation du carbone, les transformations des modes de vie ne peuvent attendre les décisions des autres signataires de l’Accord de Paris. Nous allons devoir concilier responsabilité et compétitivité.
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