Par Miguel Arias Cañete, Commissaire européen chargé de l'action pour le climat et de l'énergie
L’Accord de Paris est un succès sans précédent dans la lutte contre le changement climatique. Un nombre record de pays se sont réunis, d’abord dans la capitale française pour la COP21* en novembre-décembre 2015, puis pour la signature officielle de l’accord à l’ONU le 22 avril 2016, afin d’assurer aux générations futures un monde stable, sain et habitable. Cet accord nous place sur une trajectoire permettant de contenir la hausse des températures mondiales par la réduction des émissions.
Cette réduction n’est possible qu’en transformant radicalement notre système énergétique – ce qui a été admis à Paris, en déclarant clairement que l’énergie propre peut réduire les émissions et aider à atteindre les objectifs climatiques tout en faisant progresser nos économies. La moitié des plans climatiques présentés par les pays à la COP21 prévoient des objectifs énergétiques explicites, généralement axés sur le développement des sources renouvelables. Ainsi, le message adressé aux acteurs concernés, aux investisseurs, aux entreprises, à la société civile et aux décideurs publics est clair : la transition vers une économie énergétique propre n’est pas une mode passagère, c’est la nouvelle réalité.
Ce que nous avons déjà accompli
Dans l’Union européenne, nous adhérons à la transition énergétique propre de façon concrète, en développant des technologies vertes compétitives et avancées – nous voulons que l’Europe soit le leader mondial dans ce domaine. Dans ce but, nous nous sommes donné des objectifs à court et moyen terme : 20 % de sources renouvelables dans notre système énergétique en 2020, et 27 % en 2030. Ces objectifs ne seront pas faciles à atteindre, mais nous avons mis en place les instruments nécessaires pour faciliter le changement. Nous avons adopté une législation établissant la politique globale de promotion de l’énergie renouvelable, avec notamment des objectifs nationaux spécifiques pour faciliter sa mise en œuvre.
Nos efforts portent leurs fruits : des estimations de l’Agence européenne pour l’environnement révèlent qu’en 2014, grâce aux renouvelables, la consommation d’énergies fossiles aurait baissé de 114 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole), volume comparable à la consommation de combustibles fossiles de la France. En termes absolus, ce sont l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne qui ont le plus réduit la consommation intérieure d’énergies fossiles et évité le plus d’émissions de gaz à effet de serre grâce au déploiement des énergies renouvelables depuis 2005. Au total, nous avons évité d’émettre quelque 380 Mt de dioxyde de carbone, soit une année d’émissions de la Pologne.
Ces résultats s’accompagnent d’opportunités d’investissement et de croissance. Les investissements auparavant affectés aux combustibles fossiles sont progressivement redirigés vers les renouvelables et les autres sources d’énergie propre. À l’horizon 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie, l’investissement dans les renouvelables devrait représenter près de trois fois celui alloué aux centrales thermiques à flamme. Il s’agit d’une opportunité exceptionnelle, qui commence d’ailleurs à être saisie, pour propulser les entreprises énergétiques européennes en tête du nouveau marché mondial des technologies bas carbone. D’après l’édition 2015 du rapport État des énergies renouvelables en Europe, le secteur des renouvelables a généré un chiffre d’affaires de 143,6 milliards EUR et créé plus d’un million d’emplois en Europe en 2014. L’éolien, principal moteur de croissance et d’emploi, a induit 324 000 créations d’emplois et 48,3 milliards EUR de chiffre d’affaires cette même année.
La marche à suivre
L’Accord de Paris conforte les objectifs de l’UE, que les États membres s’efforcent activement d’atteindre, et il valide sa législation. Il reste un long chemin à parcourir, et nous avons déjà commencé à élaborer des propositions et textes législatifs pour contribuer à cet effort.
Notre système énergétique évolue rapidement. En 2030, la moitié de notre électricité sera renouvelable, et sans carbone dans environ 35 ans : il s’agit d’immenses progrès au regard de la part actuelle des énergies renouvelables, à 27,5 %. Nous devons préparer notre système électrique, le rendre plus souple et davantage axé sur le marché. C’est pourquoi nous achevons actuellement une proposition de nouvelle organisation du marché de l’électricité, visant à placer les renouvelables au cœur de notre système et de notre mode de vie. Nous voulons encourager les citoyens, les coopératives énergétiques et les autorités locales à s’approprier l’énergie qu’ils produisent et consomment. L’utilisation d’énergies renouvelables pour nos besoins en chauffage et refroidissement figure aussi dans une proposition que nous entendons présenter cette année : le développement des renouvelables fera un bond considérable si nous en tirons parti dans ce secteur, qui absorbe la moitié de l’énergie consommée en Europe.
Dans l’UE, nous sommes en train de réformer et de consolider le marché du carbone. En 2015, nous avons proposé une réforme du système d’échange de quotas d’émission (SEQE), qui couvre environ 45 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Cette année, nous définissons des objectifs pour les secteurs non pris en compte dans la proposition précédente – notamment le logement, l’agriculture, la gestion des déchets et les transports. Ces deux initiatives nous aideront à réaliser notre objectif de réduire de 40 % les émissions d’ici à 2030, et augmenteront les initiatives à continuer de déployer les énergies renouvelables.
Les propositions qui seront établies ultérieurement en 2016 privilégieront l’intensification de la coopération régionale sur les régimes d’aide, et viseront à maintenir l’UE sur la trajectoire qui en fera le leader mondial des renouvelables, rôle que nous entendons tenir en respectant nos objectifs ainsi que nos engagements pris à la COP21.
Tout porte à l’optimisme : l’Europe et le reste du monde vont dans la bonne direction. Les émissions mondiales liées à l’énergie ont de nouveau marqué le pas en 2015, et l’essor de l’électricité renouvelable dans le monde entier y a beaucoup contribué. Il y a lieu de s’en réjouir, mais non de pavoiser : nous devons redoubler d’efforts pour remplir nos engagements.
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Source : OCDE Forum 2016
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