Durant trois décennies, l’Etat ivoirien s’est désengagé de la construction des écoles au profit de promoteurs privés, du fait d’une crise économique qui a réduit les ressources financières de l’Etat. Conséquences : aujourd’hui la Côte d’Ivoire se retrouve avec une pléthore d’écoles privées gérées par des businessmans. Ceux-ci privilégient seulement l’aspect commercial.
La situation est véritablement préoccupante. Les demandeurs d’agrément pour l’ouverture d’écoles privées se bousculent aux portes des ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. La loi ivoirienne prévoit que seuls les enseignants peuvent obtenir l’agrément. Cependant, certains promoteurs achètent l’agrément à certains enseignants pour légaliser leur activité commerciale.
Pour mieux rentabiliser leur affaire, les fondateurs d’établissements privés recrutent du personnel non qualifié. C’est dire leur intérêt pour la qualité des enseignements.
Le comble est que l’État lui-même y transfère les élèves de sixième et de seconde qui n’ont pas pu être affectés dans les établissements publics, à concurrence de 120 000 frs par an pour le premier cycle et 180 000 frs pour le second cycle.
Le Syndicat National des Enseignants du Second degré (SYNESCI) a toujours dénoncé ces pratiques. Il a maintes fois interpelé l’Etat sur sa responsabilité dans ce domaine. Le SYNESCI a même proposé la construction d’un lycée par an, dans chaque région, afin de reprendre de façon progressive les élèves orientés vers le privé.
Par ailleurs, des enseignants du public choisissent d’être beaucoup plus assidus dans les établissements privés. Sans ménagements, le syndicat les interpelle sur les préjudices que leur cupidité fait subir aux élèves. En effet, ces enseignants ne peuvent pas assurer à la fois une bonne prestation auprès de leurs élèves au secteur public s’ils acceptent un second emploi dans le privé. C’est pourquoi le SYNESCI a décidé d’interpeller ces enseignants pour leur rappeler leur devoir envers l’éducation publique de qualité.
Malgré ces interpellations, l’État maintient son partenariat avec ce secteur devenu incontournable dans notre système éducatif. En effet, les services de l’orientation exigent qu’au sortir du Cours Moyen 2ème année ou de la 3ème, les élèves choisissent un établissement privé, au nombre des trois choix possibles. Sans conteste, cela renforce la marchandisation de l’école que la société civile francophone dénonce avec force.
Cette marchandisation de l’éducation et la privatisation rapide de l’éducation, ces trente dernières années, est due à un manque de volonté politique. Cependant, depuis deux ans, il faut noter la création de nouvelles salles de classes dans le secteur public.
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