Par Myriam Beauchamp, M.Sc., chargée de projets au Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, Québec (Canada)
Pratiquant encore des activités traditionnelles, les communautés autochtones sont très affectées par les modifications du climat. Voici l’exemple d’un projet concret qui se déroule au Centre-du-Québec depuis déjà deux ans, réalisée par une jeune chargée de projet. Âgée de 27 ans lors du début de celui-ci, Myriam Beauchamp y travaille maintenant depuis deux ans. Parmi les premières communautés à recevoir le financement nécessaire à un tel projet, c’est avec fierté qu’elle travaille en collaboration avec les membres de Wôlinak et Odanak, deux communautés abénakises accueillant respectivement 180 et 460 habitants sur un territoire de 0.8 km2 et 6.07 km2.
Les Premières Nations des régions nordiques sont souvent reconnues pour leurs problématiques en lien avec le réchauffement climatique (fonte des glaciers, fonte du pergélisol, appauvrissement des espèces, etc.). Cependant, on oublie parfois que les populations plus au sud ont elles aussi à œuvrer avec des changements importants. En effet, les Abénakis pratiquent encore aujourd’hui de nombreuses activités traditionnelles telles la chasse, la pêche ou la cueillette. Cependant, celles-ci se voient soumises à des modifications du climat causant parfois des conséquences graves à leur pratique. À titre d’exemple, l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes comme la moule zébrée et la berce du Caucase ou de nouvelles espèces à chasser telles le dindon sauvage, est désormais répandue dans la région du Centre-du-Québec. Ce sont ici des conséquences directes aux changements de température. En effet, selon Pierre Gingras, professeur d’écologie et de biologie, ce qui explique la venue en sol québécois de ces espèces est simplement l’élargissement de leurs aires de répartition. Comme les températures augmentent, la faune peut désormais se rendre à des latitudes parfois plus nordiques ou méridionales qu’auparavant, bonifiant le territoire qui leur est viable. Leur arrivée vient donc parfois bousculer les écosystèmes.
D’avril 2014 à mars 2015, l’élaboration d’un plan d’adaptation aux changements climatiques (PACC) pour Wôlinak et Odanak pris forme. Le but initial d’un PACC est d’évaluer les aléas climatiques d’une région et des conséquences qui en découlent pour parvenir à proposer des mesures d’adaptation concrètes qui seront mises en place au sein des communautés. À cet effet, dix mesures ont été proposées pour Odanak et Wôlinak et ont été approuvées par les comités de travail des deux communautés. À titre d’exemple, la création d’espaces verts pour lutter contre les ilots de chaleur, la caractérisation des berges sensibles à l’érosion ou l’adoption de programmes d’aide à la population tel qu’Écologis font partie du PACC.
Tout plan d’adaptation aux changements climatiques demande une réalisation à long terme. Celui-ci doit être révisé à tous les 5 ans et être idéalement pris en compte dans les décisions principales qui touchent les communautés. Myriam Beauchamp travaille donc ardemment à la mise en œuvre du plan et à la recherche de subvention pouvant permettre celle-ci.
Agir pour et avec les communautés autochtones dans leur adaptation est un défi de grande taille, mais essentiel pour assurer la poursuite des activités traditionnelles des Premières Nations pour nos générations futures.
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Cet article est le premier d’une série dans le cadre de l’initiative «Jeunes francophones dans l’action pour le climat» qui vise à faire connaître l’engagement de la jeunesse francophone pour le climat.
Ce projet est une initiative d’ENvironnement JEUnesse en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
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