Patrick Vincourt a été un acteur important de la recherche privée et publique sur le tournesol. Il a anticipé l’évolution des techniques en biologie moléculaire et en génomique qu’il a su mettre au service de la communauté de recherche scientifique française et internationale. C’est à ce titre qu’il a reçu de ses pairs lors de la conférence de l’International Sunflower Association le Pustovoit Award, la plus haute distinction décernée aux personnes ayant contribué aux avancées de la recherche sur le Tournesol.
Patrick Vincourt a un parcours riche tant dans le domaine privé que public. Ingénieur agronome de formation. Il a exercé différentes responsabilités dans le management de la recherche au sein du groupe EURALIS (1995-2005). De l’Inra de Lusignan à l’Inra de Toulouse, il a dirigé le laboratoire Tournesol à Montpellier avant d’arriver à la direction de l’équipe Génétique et Génomique du Tournesol au Laboratoire Interactions Plantes-Microorganismes de Toulouse.
Comment a évolué la sélection du tournesol depuis le début de votre carrière ?
Les objectifs de sélection ont globalement peu changé : il reste important de conserver au tournesol son statut de plante peu consommatrice d’intrants phytosanitaires, et la résistance aux différentes maladies demeure un axe majeur. Grâce aux interactions avec les agronomes, il devient envisageable de prendre en compte la réponse génétique au milieu physique avec des outils plus pertinents. Les progrès accomplis au début du vingtième siècle en matière de teneur en huile de la graine ont été tels que les objectifs de sélection pour la qualité des produits de la récolte sont considérés comme moins prioritaires.
L’évolution des méthodes de sélection a suivi le même parcours que pour les espèces majeures, avec toutefois un délai dans l’acquisition des outils : marqueurs génétiques, cartographies de QTL, séquençage du génome. Le « gap » est toutefois en train de se combler, par exemple avec la publication prochaine du génome du tournesol, résultat auquel l’Inra aura apporté une contribution significative.
Selon vous, que peuvent apporter les nouvelles méthodes en génétique et en génomique à l’amélioration du tournesol ?
Il me semble raisonnable d’attendre des nouvelles technologies et méthodes qu’elles apportent, pour l’amélioration génétique du tournesol, les mêmes progrès, mais aussi fassent émerger les mêmes écueils, que pour toutes les espèces d’intérêt agronomique. Les nouveaux outils permettent de construire une base plus solide pour construire une stratégie d’amélioration : dessiner une carte, même imparfaite, cela aide toujours à trouver son chemin. Mais elles engendreront aussi de nouvelles questions, tant les mécanismes de réponse d’une plante à son environnement biotique et abiotique peuvent être complexes et variables. Ce qui intéresse avant tout le sélectionneur, c’est cette variabilité, qui peut s’appuyer sur différents parcours de réponse élaborés par la sélection naturelle. D’où l’intérêt que les sélectionneurs de tournesol ont toujours accordé à la préservation et à l’utilisation en sélection des ressources génétiques.
Comment voyez-vous le futur de la recherche sur le tournesol ?
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