M. PRAK SOKHONN, Ministre principal, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Cambodge, a estimé qu’un mot résumait le tragique de notre monde: violence. Violence guerrière ou faite aux civils, notamment les enfants, mais aussi violence envers les espèces vivantes et la planète. Nos générations méritent mieux que l’état du monde actuel, a poursuivi le Ministre, qui a mis l’accent sur la nécessité d’une sécurité collective et la nécessité d’un monde multipolaire.
À cet égard, il a demandé une adaptation du système mis en place en 1945 et aujourd’hui ébranlé, y compris une réforme du Conseil de sécurité. Le Cambodge, qui a été victime d’une « guerre par procuration », et est trop souvent pressé de choisir un camp, entend « porter la voix de ceux qu’on n’écoute guère, mais qui sont toujours les premiers à souffrir des choix géopolitiques ».
Face au terrorisme, le Ministre a posé la question des causes, y compris la colère face à trop d’injustice et une trop fréquente pratique du deux poids, deux mesures dans les décisions prises. Il a appelé à la cohabitation religieuse en citant le Cambodge en exemple et a rappelé la tragédie du peuple palestinien qui nourrit la révolte « et, chez les plus indignés, la haine ».
Il a aussi noté les progrès apportés par la mondialisation et l’ouverture des marchés, mais a aussi constaté les « dangers réels » provoqués par les droits conférés aux entreprises qui peuvent se déplacer à leur guise et exercent un « chantage permanent à la délocalisation » envers les pays qui cherchent à améliorer les conditions de vie de leurs travailleurs.
M. Sokhonn s’est réjoui de l’Accord de Paris sur le climat, mais a averti qu’il devait déboucher sur des actions concrètes entreprises par tous. « Il arrive qu’on triche avec les traités mais on ne triche pas avec la planète », a-t-il ajouté, en précisant que son pays avait achevé hier le processus de ratification de l’Accord de Paris. De même, il a salué l’ambition des objectifs de développement durable, mais a ajouté qu’elle devait s’accompagner d’une véritable volonté politique.
Le Ministre s’est enfin élevé contre les institutions internationales, les parlementaires occidentaux et les organisations non gouvernementales qui pointent son pays du doigt. Se présentant comme « un survivant des rizières de Pol Pot » et un pays « transformé en un immense camp de travaux forcés après avoir été complètement détruit par les bombardiers américains », il a rappelé l’état dans lequel son pays et sa population se trouvaient en 1979.
C’est là, a-t-il affirmé, « un passé qui ne passe pas et affecte encore très profondément le présent ». Il a donc dénoncé tous ceux qui « érigent la moindre de nos faiblesses en crimes d’État » et a rappelé les progrès réalisés dans les domaines de la santé, de l’éducation ou encore des infrastructures, la lutte contre le VIH/sida et le paludisme et l’éradication des mines et autres explosifs de guerre, dont le Cambodge a fait son « dix-huitième objectif de développement durable ».
M. Sokhonn a conclu en rappelant que le Cambodge avait adhéré au réseau des États engagés dans la volonté de prévenir les crimes de masse et désigné un correspondant national.
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Source : ONU
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