Le Cirad, en partenariat avec Veolia, mène, depuis 3 ans, un suivi des impacts agroenvironnementaux de l’épandage agricole des boues chaulées et séchées issues de la station d’épuration du Grand Prado, à l’île de la Réunion (Sainte-Marie). Cette expérimentation d’envergure et unique en outre-mer est programmée sur 20 ans. Les premiers résultats suggèrent que les boues traitées seraient adaptées aux sols et aux besoins de la canne à sucre à la Réunion.
La valorisation agricole des boues d’épuration est à l’heure actuelle la solution de traitement des sous-produits des stations d'épuration (STEP) la plus répandue dans les collectivités françaises. Avec l’accroissement des volumes d’eaux usées et de déchets produits, ce mode de valorisation des boues d’épuration et autres produits résiduaires organiques (PRO), comme les effluents d’élevage, représente aujourd’hui un enjeu environnemental majeur pour l’île de la Réunion.
Veolia, à qui la Communauté Intercommunale du Nord de la Réunion (Cinor), a confié la conception et l’exploitation de la STEP du Grand Prado, a adapté au contexte de la Réunion un procédé de traitement des boues ayant fait ses preuves par ailleurs. Les boues d’épuration sont conditionnées sous forme de pellets, après les étapes de digestion, séchage et chaulage. Leur hygiène est contrôlée.
Dans le cadre d’un contrat avec Veolia sur une durée de 20 ans, le Cirad doit suivre les impacts du recyclage de ces boues sur la qualité des sols, de la canne récoltée sur les sols amendés, des eaux circulant et migrant vers le sous-sol et également les émissions gazeuses (CO2, N2O et NH3) générées par les épandages. Ces données sont en effet encore méconnues sur les sols réunionnais et en culture de canne à sucre. Un site sur la station de la Mare a donc été planté en canne à sucre et instrumenté en octobre 2013. Des prélèvements périodiques sont réalisés depuis lors pour récolter ces données dans le cadre d’un programme national de recherche en environnement : le SOERE-PRO.
Ce réseau comprend quatre sites d’observation principaux : QualiAgro (Ile-de-France), EFELE (Ile-et-Villaine), PRO’spective (Colmar) et la Réunion (SOERE-Pro Réunion). Les deux autres Produits Résiduaires Organiques (PRO) testés sont un lisier de porc et une litière de volailles. Tous ces PRO sont comparés à une fertilisation minérale classique.
« Après trois années d’expérimentation, les premiers résultats montrent qu’il est possible de substituer, en grande partie, des engrais organiques aux engrais minéraux sur les sols canniers réunionnais, sans que la richesse en sucre ne soit altérée et sans perte de rendement » , révèle Frédéric Feder du Cirad, qui coordonne l'expérimentation.
Les boues produites présentent un intérêt pour l’azote, le phosphore, le potassium et la chaux qu’elles contiennent. Ces premiers résultats seront approfondis sur le long terme, notamment concernant les contaminants potentiellement présents dans les PRO testés.
À terme, ces résultats pourront également permettre de préciser les conditions de valorisation agricole des boues d’épuration des stations de l’île de la Réunion, et potentiellement de celles d’autres départements d’Outre-mer, ou d’autres territoires à l’international, où la culture de la canne à sucre est pratiquée.
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