Par Awovi Akpedze Komassi, étudiante à l’Université de Sherbrooke et membre de la délégation à la CdP 22
Durant le colloque « De Paris à Marrakech, passons à l’action! », des conférenciers et panélistes provenant de différents milieux professionnels sont intervenus successivement pour présenter des résultats de recherche ou des pratiques concrètes dans la mise en œuvre d’un accord international comme l’Accord de Paris. Ayant eu lieu le 26 octobre 2016, le colloque était organisé par la délégation étudiante de l’Université de Sherbrooke à la 22e Conférence des Parties (CdP 22).
« Le Canada est de retour » avait affirmé Justin Trudeau, premier ministre du Canada lors de la CdP 21 à Paris. En effet, après avoir claqué la porte au Protocole de Kyoto en 2011, une telle affirmation 4 ans plus tard semblait donc redonner au Canada, un statut positif dans la lutte contre les changements climatiques. Cependant, après l’expression publique de son appui à l’Accord de Paris, comment le Canada comptait-il mettre en œuvre ses engagements pris.
Une des conférencières, Mme Louise Métivier, négociatrice en chef du Canada en matière de changements climatiques, a expliqué que la mise en œuvre passerait par le développement d’un cadre pancanadien en matière de croissance propre et de changement climatique. Un tel cadre sous-entend la déclaration des premiers ministres sur la mise en œuvre de politiques qui permettraient d’atteindre ou de dépasser la cible de réductions d’ici 2030, l’organisation de séances de discussions avec les jeunes, les communautés autochtones, le public et les experts et l’organisation de groupes de travail au fédéral, au provincial et territorial sur les mécanismes de tarification du carbone, les possibilités d’atténuation spécifiques, la technologie propre ou encore l’adaptation et la résilience climatique.
Ayant depuis longtemps joué un rôle de leader dans la lutte contre les changements climatiques avec des politiques et mesures telles que la Loi sur le dévéloppement durable, le développement du marché du carbone ou encore des plans d’actions pour l’adaptation climatique, la province québécoise continuera de jouer un rôle très important dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris selon M. Hugo Séguin, professeur à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke et Fellow au Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CÉRIUM). Selon lui, il est nécessaire d’effectuer une mise à jour des diverses politiques climatiques pour maintenir un leadership dans le régime climatique de l’après-Kyoto.
Malgré le rôle important d’un gouvernement, le changement climatique ne relève pas seulement de lui. M. Christian Nadeau, professeur de philosophie, M. Guy Drouin, président de Biothermica, et Mme Laure Waridel, directrice exécutive du Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD), sont unanimes quant au fait que la mise en œuvre de l’Accord de Paris est l’affaire de tous et que la participation des acteurs non étatiques est primordiale. Malgré la divergence d’opinion à certains moments, les panélistes ont quand même souligné l’importance de la mobilisation de la société civile, des pouvoirs locaux et de l’industrie avec un changement de paradigme et des comportements, tant individuel que collectifs, qui passerait par de l’éducation.
Le colloque a également donné de la visibilité à une réalité qui ne peut plus être niée : la place du genre dans les solutions climatiques. Que ce soit au Québec ou dans les pays en développement, le changement climatique est souvent présenté comme un problème qui requiert des solutions techniques et économiques. Les femmes et les hommes ne vivent cependant pas le changement climatique sur un pied d’égalité et les stratégies d’adaptation ne prennent pas en considération la dimension du genre dans les différentes politiques.
France Levert, présidente du Réseau des Femmes en Environnement, et Linda Gagnon, chargée de projet chez Suco, ont respectivement présenté les enjeux liés au genre dans les réponses apportées à la lutte climatique dans un contexte québécois et dans les pays du Sud. Les deux invitées ont soulignées que les femmes :
Quelles solutions peuvent donc être apportées pour mieux intégrer la dimension du genre? Selon les conférencières, les politiques touchant au changement climatique devraient être sensibles au genre avec une reconnaissance de la femme, en tant qu’actrice de développement. Aussi, la femme faisant face à des contraintes différentes de l’homme, sa réalité propre doit être reconnue afin de lui donner le droit de participer aux décisions et aux solutions liées au changement climatique tant sur la scène internationale, que nationale ou locale.
Après une journée remplie d’échanges et de réflexions, une chose est certaine: la discussion doit continuer.
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Cet article s’inscrit dans le cadre de l’initiative «Jeunes francophones dans l’action pour le climat» qui vise à faire connaître l’engagement de la jeunesse francophone pour le climat. Ce projet est une initiative d’ENvironnement JEUnesse en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
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