Alors que le monde a célèbré le 6 novembre la journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé, les tactiques de la terre brûlée employées par les militants assiégés de Daech en Irak démontrent que l'environnement est souvent une « victime silencieuse » de la guerre, déclarent les chefs de deux agences de l'ONU aujourd'hui.
Ces dernières semaines en Irak, les puits de pétrole ont été incendiés, donnant au ciel et au sol une couleur noire. Suite à un incendie dans une installation industrielle, la combustion de stocks de dioxyde de soufre a provoqué un important nuage toxique. La crise met en avant un phénomène connu depuis des décennies. La destruction de l'environnement peut avoir des conséquences sur l'acheminement de l'aide humanitaire, les perspectives de reconstruction d'après-guerre, la durabilité de la paix et entraîner des migrations.
Mais cela n'est qu'un aspect du problème, l'environnement joue en effet un rôle complexe dans de nombreux aspects des conflits. Au moins 40% des conflits internes sont liés à l'exploitation des ressources naturelles comme le bois d'oeuvre, les diamants, le pétrole, les terres arables et l'eau. Les conflits liés aux ressources naturelles sont davantage susceptibles de reprendre après les cinq premières années suivant la signature de l'accord de la paix.
« Parmi les 65 millions de réfugiés dans le monde, nombreux d'entre eux relatent des récits liés aux crimes contre l'environnement. Les guerres commencent en raison des ressources naturelles et se perpétuent en raison des ressources naturelles. Nous réalisons que l'environnement est utilisé comme une arme, affirme le chef de l'ONU Environnement, Erik Solheim. La protection de l'environnement doit jouer un rôle plus important dans nos réponses aux situations de conflit. »
La journée internationale pour la prévention de l'exploitation de l'environnement en temps de guerre et de conflit armé vise à mettre ces liens en lumière et susciter des mesures rapides.
Les familles quittant Mosul ont souffert pendant de longues années du régime de Daech et des opérations militaires en cours. Elles se retrouvent dans une situation urgente de besoin d'aide humanitaire et de protection. Les nuages de poussière suffocants, les émanations toxiques émanant des puits de pétrole incendiés et des installations industrielles ajoutent à leur détresse, affirme Stephen O'Brien, le Sous-Secrétaire Général de l'ONU chargé des affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence. Assurer la protection de l'environnement durant les conflits est crucial à la protection de la santé humaine et pour assurer la capacité des communautés et des nations à se rétablir après les crises. »
La communauté internationale oeuvre à la création de cadres juridiques plus contraignants pour la protection de notre planète.
En mai dernier, l'ensemble des 193 États membres de l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement a adopté une résolution pour la protection de l'environnement dans les zones touchées par les conflits armés. De plus, la Commission du droit international des Nations Unies - les experts de l'Assemblée Générale et pionniers du droit international - élabore des orientations sur la manière dont le droit international et national doit garantir la protection de l'environnement avant, pendant et après les conflits armés.
« Protéger l'environnement des conflits armés contribue à préserver les terres cultivées des bombardements, des champs de mines et de la pollution toxique, affirme Erik Solheim. Cela permet de garantir un système juste et inclusif pour la gouvernance et l'exploitation des ressources naturelles. Cela constitue l'assurance de vies saines pour nous, nos enfants et les générations à venir. »
« Protéger l'environnement de manière efficace contre les désastres des conflits et appuyer la gouvernance équitable des ressources naturelles est un pas important sur la voie du développement, la prospérité, et la paix durable. »
Communiqué du PNUE (800 hits)