Dans le cadre du suivi des projets relatifs aux Objectifs de développement durable (ODD), la Radio des Nations Unies se penche cette fois sur la question de la protection sociale par rapport à l'Objectif 1 des ODD. Il s'agit de voir que sont ces socles de protection sociale et surtout les raisons qui peuvent convaincre les pays à les mettre en place. A cet égard, l'OIT rappelle que même si la protection sociale est officiellement liée à l'Objectif 1 des ODD relatif à l'élimination de la pauvreté dans le monde, c'est aussi une cible de plusieurs ODD, notamment celles relatives à la bonne santé et au bien-être (ODD3), l'égalité entre les sexes (ODD5) ou concernant la réduction des inégalités (ODD10).
Dans cet entretien qu'elle a nous a accordée au mois d'août, Valérie Schmitt s'est insurgée sur le fait que « des familles entières soient sans toit, sans revenu de base, n'aient pas accès à une nourriture suffisante et aux soins de santé. C'est une façon pour la Cheffe du Service de la politique sociale, de la gouvernance et des normes à l'OIT de rappeler que bien que ça soit un droit, la protection sociale est loin d'être une réalité. En effet, 73 pour cent de la population mondiale ne bénéficie toujours pas d'une protection sociale adéquate. « Ceci doit changer et ceci peut changer », fait-elle remarquer.
C'est pourquoi le BIT et d'autres agences des Nations Unies promeuvent les socles de protection sociale. A cet égard, elle cite des pays qui ont atteint la couverture universelle pour les pensions de retraite. C'est le cas de l'Argentine, la Bolivie, le Botswana, le Brésil, le Cap Vert, le Chili, la Chine, le Kazakhstan, la République kirghize, le Lesotho, les Maldives, l'ile Maurice, la Mongolie, la Namibie, le Népal, l'Afrique du Sud, la Thaïlande, le Timor oriental, et l'Ouzbékistan.
D'autres pays ont montré l'exemple dans les transferts monétaires pour les enfants qui « sont souvent encore ciblés pour les ménages les plus pauvres ». Car selon le BIT, c'est seulement un petit nombre de pays qui ont mis en place des allocations familiales universelles. C'est le cas de l'Argentine et de la Mongolie. Mais du côté du Népal et de l'Afrique du Sud, on a aussi misé sur des transferts universels pour les personnes handicapées. D'autres pays comme le Rwanda, la Colombie, les Philippines et la Thaïlande ont de leur côté accru significativement le nombre de personnes couvertes légalement par les systèmes de protection sociale en santé.
Avec ces exemples, le BIT entend montrer que tout est possible avec un engagement, non sans rappeler qu'entre 2009 et 2013 la Chine a par exemple triplé le nombre de personnes couvertes par le système de pensions de vieillesse. L'extension des pensions de retraite permettait de contribuer à la politique du gouvernement en matière de réduction de la pauvreté, des inégalités et de soutien à la croissance économique.
Mais malgré ces avancées, le BIT rappelle les défis auxquels font face des pays où il y a un secteur informel très important ou quand les ressources budgétaires de l'Etat sont limitées. Du coup, il est parfois très difficile d'offrir des prestations sociales et de mettre en place les socles de protection sociale. C'est le cas par exemple dans des pays comme le Niger, la Guinée ou le Cambodge.
Dans tous les cas, le BIT espère, avec son nouveau programme mondial « Mettre en place des socles de protection sociale pour tous », contribuer à changer la vie de 130 millions de personnes dans le monde. Et pour éliminer l'extrême pauvreté et la faim dans le monde, l'ONU avec l'Objectif 1 des ODD vise, entre autres, à « mettre en place des systèmes et mesures de protection sociale pour tous, adaptés au contexte national, y compris des socles de protection sociale, et faire en sorte que, d'ici à 2030, une part importante des pauvres et des personnes vulnérables en bénéficient ».