Annoncée en grande pompe par les nouvelles autorités pour alléger la souffrance des femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans, la gratuité des soins offerte dans les formations sanitaires fait de moins en moins des heureux. L’espoir tant suscité par ce programme présidentiel semble être un leurre. Témoignages.
Un tour d’horizon dans des centres de santé de la capitale burkinabè, nous a permis de constater les difficultés auxquelles sont confrontées les bénéficiaires du programme de la gratuité des soins et les gestionnaires des dépôts pharmaceutiques.
« Je suis venue très tôt ce matin à la pédiatrie pour faire consulter mon enfant. Si tu veux être reçu, dès 5 heures du matin déjà il faut être sur les lieux à cause du nombre. Là n’est pas le problème mais après la consultation au niveau de la pharmacie, plus de la moitié des médicaments qu’on nous prescrits ne sont pas disponibles. Nous sommes obligés d’aller au dehors pour acheter», confie Safi Ouédraogo, restée à l’hôpital Charles De Gaule durant deux semaines avec son enfant.
Comme cette mère de famille, les femmes rencontrées dans les CSPS de Tampouy avouent que la gratuité des soins ne se limite qu’à la consultation. « Ici au CSPS de Paul 5, nous offrons les médicaments qui sont disponibles. Si ça manque qu’est-ce que nous on peut bien faire », confie un agent de santé rencontré au dépôt pharmaceutique de la même formation sanitaire.
Aucune infrastructure adaptée pour offrir un service gratuit
Pour Djénéba Sawadogo, les médicaments offerts gratuitement ne peuvent pas soigner. « Tous le temps quand tu viens à l’hôpital, après consultation c’est plaquette de paracétamol seulement on te donne. Ça là ça peut faire quoi ? La gratuité là c’est paracétamol», lâche-t-elle.
Les propos de Djénéba semblent lui donner raison lorsqu’au dépôt pharmaceutique du secteur 17, un agent nous fait visiter ledit dépôt. Pas grande surprise à l’intérieur car il n’y a que paracétamol, chlorephenylamine, amoxiciline, compresses, parégorique qui sont disponibles.
La situation au CSPS du secteur 17 semble enviée comparativement à celui de l’ex secteur 21. Là bas l’infirmier nous laisse entendre que souvent ils renvoient les femmes vers d’autres formations sanitaires car à leur niveau, ils ne disposent pas de produits pour les malades après consultation.
Jeune dame venant d'acoucher assise dans un couloir de CHU Yalgado,
ne disposant de lit pour ce reposer
« C’est triste et écœurant à la fois mais pour leur bien, nous sommes obligés de les conduire ailleurs. Faites un tour dans le dépôt et vous verrez la réalité. Il n’y a pas de produits comme les gens pensent » dit-il désespérément.
Par contre certaines femmes sont tout de même satisfaites quant à la politique de la gratuité. Pour elles avec la gratuité des soins elles ne payent plus de médicaments. Seulement c’est au niveau de la maternité de Pogbi que nous avons entendu de tels propos d’espoir.
« L’échec » de la gratuité des soins se lit davantage au service de la maternité du CHU Yalgado Ouédraogo. Dans ce service c’est le sauve qui peut total. Les femmes étalées à même le sol attendent d’être délivrées. Les couloirs sont pris d’assaut. Aucun espace n’espace n’est épargné. Pire, les salles sont pleines à craquer.
Comme nous le fait savoir ce médecin gynécologue rencontré à la maternité : « Ce mois ci ça va. Souvent il n’y a pas de table où elles doivent se mettre pour accoucher. Aucune infrastructure adaptée pour offrir un service gratuit ».
Issa KARAMBIRI
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