Les scientifiques s’attachent à élucider des phénomènes océanographiques dans l’Atlantique tropical, liés aux précipitations saisonnières en Afrique de l’Ouest. Ils pourraient ainsi obtenir des outils prédictifs utiles au développement de la région.
Un peu plus de sel ou un peu moins d’eau froide, la cuisine océanique à l’œuvre dans le Golfe de Guinée pourrait jouer un rôle majeur sur le régime des pluies de la mousson africaine. Pour en connaître la recette épicée et éclairer les mécanismes à l’origine du cycle hydrologique, dont dépendent étroitement les sociétés ouest-africaines, les scientifiques se sont attachés à comprendre le fonctionnement de la "langue d’eau froide de l’Atlantique". "Cette zone équatoriale de l’océan connaît tous les ans, à l’époque du printemps-été de l’hémisphère nord, un double phénomène, dont le rapport avec les pluies en Afrique de l’Ouest a déjà été établi, explique l’océanographe physicien Casimir Da-Allada. L’eau de surface se salinise et se refroidit, et les deux variables atteignent des pics en juin pour le sel mais seulement en juillet pour le froid". L’enjeu est de parvenir à établir le lien entre ces deux paramètres dont la valeur paroxysmique – maximum de salinité et minimum de température – est ainsi décalée d’un bon mois. A terme, l’espoir des chercheurs est de parvenir à anticiper la température de l’eau de surface à partir de la salinité enregistrée un mois plus tôt, et d’en déduire des prévisions exploitables sur le volume des précipitations à venir sur le continent ouest-africain. Ce modèle permettrait par exemple de savoir dès le mois de juin s’il vaut mieux utiliser des semences très productives et nécessitant beaucoup d’eau, ou au contraire des espèces plus frugales, mais ne craignant pas la sécheresse…
Pour étudier la question, les scientifiques se sont appuyés sur les données fournies par une mission satellite de l’Agence Spatiale Européenne et sur les informations recueillies in situ par les bouées de l’observatoire PIRATA et ils ont développé des modèles en simulation numérique. Ils ont ainsi établi le bilan de sel dans la langue d'eau froide et identifié les processus de transports verticaux dans la colonne d’eau. "Selon nos recherches, le changement de salinité à la fin du printemps est lié à l’activité saisonnière du sous-courant équatorial, qui fait remonter des eaux des profondeurs vers la surface, indique le chercheur. Moins soumises aux apports d’eau douce des précipitations et des fleuves, celles-ci contiennent plus de sel que les eaux de surface". Des études sont en cours pour évaluer la pertinence de la salinité comme indicateur de l’intensité et de la mise en place du refroidissement périodique de la langue d’eau froide. Il s’agira ensuite de confirmer son efficacité à mieux prévoir la mousson africaine.
Communiqué de l'IRD
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