L’Estonie doit accélérer ses efforts visant à réduire sa dépendance à l’égard des schistes bitumineux pour pouvoir se doter d’une économie plus verte, mais aussi faire reculer la pollution de l’air et la production de déchets, explique l’OCDE dans un nouveau rapport.
Le premier Examen environnemental de l’Estonie publié par l’OCDE recommande au pays d’améliorer son efficacité énergétique, d’acheter davantage d’énergie propre sur le réseau européen et d’augmenter ses investissements dans les énergies renouvelables. Du fait de son attachement à l’extraction de schistes bitumineux et à leur utilisation dans la production d’énergie, l’Estonie affiche la plus forte intensité carbone parmi les économies de l’OCDE et se classe au troisième rang pour l’intensité énergétique.
« Pour l’Estonie, réduire la dépendance à l’égard des schistes bitumineux constitue le défi économique, environnemental et social numéro un, et elle ne peut pas se permettre d’attendre que ses réserves soient épuisées », a déclaré Simon Upton, Directeur de la Direction de l’environnement, à l’occasion de la présentation de l’Examen à Tallinn. « Dans l’intérêt de son économie et pour la santé et le bien-être de ses habitants, l’Estonie doit trouver sans plus attendre le chemin d’une croissance verte ».
Le pays tire 70 % de ses approvisionnements énergétiques des schistes bitumineux, et ses émissions de CO2 ont atteint 533 kg pour 1 000 USD de PIB en 2014, contre 226 kg en moyenne pour la zone OCDE.
Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 23 % entre 2000 et 2014, ce qui est bien inférieur à la croissance économique (64 %), mais constitue la troisième plus forte progression parmi les pays de l’OCDE après la Turquie et la Corée.
L’Estonie a atteint dès 2011 l’objectif fixé pour 2020 au niveau de l’UE qui consiste à porter à 25 % la part des renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie, grâce notamment aux subventions publiques en faveur de la biomasse et de l’éolien et à l’usage à grande échelle de biomasse pour le chauffage. Pourtant, la part de l’électricité d’origine renouvelable reste l’une des plus faibles de l’OCDE, et la viabilité économique des nouveaux projets éoliens n’est pas assurée aux prix actuels du carbone et de l’électricité.
Le pays a lancé une ambitieuse réforme fiscale verte qui vise à transférer une partie de la charge fiscale du revenu vers la consommation, l’utilisation des ressources naturelles et la pollution. Le produit des taxes liées à l’environnement a culminé à 2.9 % du PIB en 2010 avant de redescendre à 2.6 % en 2014, ce qui place malgré tout l’Estonie dans le premier tiers des pays membres de l’OCDE pour cet indicateur. Les taxes sur les émissions et autres facteurs d’impact sur l’environnement pourraient cependant être largement relevées.
L’Estonie peut se prévaloir d’une bonne qualité de l’air au niveau national, mais dans la région de Viru-Est, dans le nord-est du pays, l’extraction et la transformation des schistes bitumineux polluent l’air, les sols et l’eau, et les habitants sont plus sujets à des troubles respiratoires et cardiovasculaires.
La production de déchets dangereux par habitant est 35 fois supérieure à la moyenne de l’UE et imputable à 98 % à la production et à la transformation de schistes bitumineux. Les décharges dans lesquelles aboutissent ces déchets, en particulier celles datant de l’époque soviétique, sont à l’origine d’infiltrations qui contaminent les eaux souterraines. La production de déchets miniers non dangereux a augmenté de 40 % depuis 2005, car la baisse de la qualité des schistes oblige à en extraire des volumes plus importants.
L’Estonie a adhéré à l’OCDE en 2010 et à l’Union européenne en 2004, ce qui lui vaut d’être aujourd’hui intégrée au réseau électrique européen. L’Examen formule notamment les recommandations suivantes :
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