Des agronomes et des sociologues de l’Inra ont analysé les plans Ecophyto 1 et 2 lancés par le gouvernement pour diminuer l’usage des pesticides en agriculture. Interview de Jean-Marc Meynard, un des auteurs de la publication.
lors que le plan gouvernemental Ecophyto 1 lancé en 2008 visait une réduction de l’utilisation de pesticides de 50% en 2018, force est de constater que l’objectif est loin d’être atteint. On a observé au contraire entre 2009 et 2013 une augmentation de 5% de la consommation nationale de pesticides, selon un des indicateurs retenus pour le suivi du plan. Fin 2015, le gouvernement a annoncé le plan Ecophyto 2 avec le même objectif de réduction des pesticides de 50%, mais à l’horizon 2025. Des agronomes et des sociologues de l’Inra se sont penchés sur les causes de l’échec d’Ecophyto 1, et les raisons d’espérer.
L’objectif de 50% de diminution de l’usage de pesticides est-il réaliste ?
Jean-Marc Meynard : Il n’y a pas d’obstacles d’ordre technique à la réalisation de cet objectif, mais il nécessite de changer profondément les systèmes de culture, en particulier en diversifiant les rotations et en introduisant de nouvelles cultures. Même s’il est sans doute peu réaliste à l’horizon 2025, cet objectif ambitieux affirme une volonté de « produire autrement ». Il encourage les pionniers qui expérimentent des systèmes de culture innovants et perfuse parmi les jeunes générations, plus sensibles aux impacts santé des pesticides. L’expertise de l’Inserm de 2013 (2), qui établit les risques professionnels de l’exposition aux pesticides, avait été peu relayée à l’époque par la presse agricole, mais fait son chemin.
La prise de conscience des consommateurs est aussi un facteur clé qui peut se refléter dans leur comportement d’achat, en particulier avec moins d’exigence pour des fruits et légumes extérieurement parfaits, ce qui ne peut être obtenu qu’avec des pesticides.
Il ne faut pas minimiser l’ampleur des évolutions nécessaires, qui ne sont donc pas que techniques, mais aussi culturelles, cognitives ou sociales. Et ne concernent pas que les parcelles, mais aussi les territoires et les filières...
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