Par Catherine Gauthier, LL.M., chargée de cours à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke et directrice générale chez ENvironnement JEUnesse
En 2015, l'Accord de Paris a lancé un débat sur la faisabilité de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. Dès le préambule de l'accord, on vise à « contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels » (Accord de Paris, 2015).
Alors que la planète s'est déjà réchauffée de 0,9 °C depuis le milieu du 19e siècle, il est légitime de se demander s'il est réellement possible de limiter la hausse de la température moyenne en-deçà de 1,5 °C.
Dans ce contexte, à Paris, la 21e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a invité le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) à fournir un rapport spécial sur les impacts d'un réchauffement de 1,5 °C. Ce rapport, dont la portée a été précisée en août 2016, est attendu pour 2018 (GIEC, 2017).
Le 18 septembre dernier, dix chercheurs publiaient dans la revue Nature les résultats de leurs travaux. Richard J. Millar, Jan S. Fuglestvedt, Pierre Friedlingstein, Joeri Rogelj, Michael J. Grubb, H. Damon Matthews, Ragnhild B. Skeie, Piers M. Forster, David J. Frame & Myles R. Allen suggèrent que limiter l’élévation des températures à 1,5 °C n'est pas impossible, mais requiert un renforcement significatif des contributions nationales annoncées par les parties dès 2020 (Nature, 2017).
Dans cette analyse titrée « Emission budgets and pathways consistent with limiting warming to 1.5 °C », les auteurs démontrent que contenir les émissions cumulatives de CO2 après 2015 à environ 200 GtC limiterait le réchauffement post-2015 à moins de 0,6 ° C dans 66 % des modèles (Nature, 2017). Ces derniers sont d’ailleurs fondés sur les données du 5e rapport du GIEC.
En prenant pour acquis que les émissions atteindront un sommet pour ensuite décliner sous les niveaux actuels d’ici 2030, et de manière plus importante par la suite, on atteindrait un réchauffement maximal de 1,2 °C à 2,0 °C vers le milieu du XIXe siècle (Nature, 2017).
Par ailleurs, les auteurs insistent sur l’accentuation des réductions d’émissions de gaz à effet de serre le plus tôt possible afin d’éviter de devoir prendre des mesures économiquement, techniquement ou politiquement impossibles (Nature, 2017).
Enfin, il reste une mince chance de respecter les ambitions de l’Accord de Paris, mais celle-ci pourrait disparaître si les efforts d’atténuation tardaient à se mettre en place.
Accord de Paris, 12 décembre 2015, Conférence de Paris, C.N.92.2016.TREATIES-XXVII.7.d
Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). 2017. « Global Warming of 1.5 °C », [en ligne] : http://www.ipcc.ch/report/sr15/ (page consultée le 25 septembre 2017).
Richard J. Millar et al. 2017. « Emission budgets and pathways consistent with limiting warming to 1.5 °C », Nature Geoscience, [en ligne] : https://www.nature.com/ngeo/journal/vaop/ncurrent/full/ngeo3031.html (page consultée le 25 septembre 2017).
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