Par Alix Ruhlmann, étudiante à la maîtrise en gestion de l’environnement à l’Université de Sherbrooke et ex-administratrice de la coopérative de vélo La Déraille
En décembre 2015, avait lieu à Paris l’une des plus importantes conférences internationales portant sur le climat et les changements climatiques depuis la 3e conférence des parties (CdP3) à la Convention-cadre des changements climatiques qui avait eu lieu à Kyoto en 1997. Outre les principaux objectifs énoncés dans la partie préliminaire du texte, l’accord qui concluait cette conférence présentait également quelques pistes de solution pour atteindre ses objectifs ambitieux.
L’un des objectifs qui fut le plus discuté à la suite de la conférence fut celui de la température globale que les pays signataires s’engageaient à ne pas dépasser. En effet, ces derniers promettaient de tenter de « contenir l’élévation de la température de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et d’œuvrer de façon à « limiter l’élévation des températures à 1,5 °C ».
Un des moyens que l’accord prévoyait pour atteindre cette limitation de la hausse de la température était le développement de l’usage de technologies exploitant des sources d’énergies renouvelables.
Voyons maintenant comment ces énergies renouvelables pourraient contribuer à atteindre ces seuils limite de réchauffement.
Il est désormais largement admis que les gaz à effet de serre (GES) sont en grande partie responsables des élévations de température qu’a connues la Terre depuis la révolution industrielle au XIXe siècle (voir Graphique). Pour réduire la température comme le recommande les parties signataires de l’Accord de Paris, il est donc nécessaire d’abaisser la quantité des GES présents dans l’atmosphère et en particulier le CO2, le GES le plus présent (voir Graphique ; GIEC, 2014). Pour diminuer sa teneur future dans l’atmosphère, il existe deux possibilités : réduire directement la présence de CO2 atmosphérique ou éviter que de nouvelles quantités soient émises.
La première solution est celle que vise la captation du carbone : un ensemble de technologies qui cherchent à « capter » le CO2 atmosphérique et à aller l’injecter sous terre ou dans les mers.
La seconde solution, et celle la plus en vogue actuellement, est celle qui a mené au développement des technologies permettant de produire de l’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables. De fait, le CO2 étant principalement émis par l’utilisation de combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel) (GIEC, 2014), produire de l’électricité sans ces combustibles permet une réduction rapide des émissions surtout que près de 80% de l’énergie mondiale provient de sources fossiles (REN21, 2017a). Les sources d’énergies dites « renouvelables » offrent donc une alternative énergétique intéressante puisqu’elles ont ceci en commun qu’elles ne dégagent que peu ou pas de GES (ou du moins, une fois leur production et leur installation terminée). On pense par exemple aux éoliennes, aux centrales hydroélectriques, aux panneaux solaires, aux turbines marémotrices, à la géothermie… Ainsi, pour atteindre les objectifs de Paris en termes de température sans toutefois nuire ou remettre en question les activités économiques actuelles, l’une des solutions sont ces énergies renouvelables.
Suite à l’Accord de Paris, la question était donc : le monde allait-il pouvoir changer assez vite pour atteindre les cibles qu’il s’était fixées ? Allait-il être capable de produire suffisamment d’électricité renouvelable pour remplacer les combustibles fossiles ? Il fallait rapidement commencer à produire de l’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables.
Le rapport présenté par le Renewable Energy Policy Network for the 21st Century (REN 21) en juin dernier présentait justement des conclusions allant en ce sens. (Murdock, 2017) Le rapport commençait avec ces mots :
The 2017 edition of the REN21 Renewables Global Status Report (GSR) reveals a global energy transition well under way, with record new additions of installed renewable energy capacity, rapidly falling costs, particularly for solar PV and wind power, and the decoupling of economic growth and energy-related carbon dioxide emissions for the third year running. Innovative and more sustainable ways of meeting our energy needs are accelerating the paradigm shift away from a world run on fossil fuels (Voir note 1).
De telles conclusions sont frappantes, surtout émanant d’un tel organisme. De fait, cet important réseau met en contact divers acteurs pour faciliter le transfert d’information entre ces derniers et permettre le développement de politiques et d’actions cohérentes (REN 21b, 2017).
Les résultats présentés dans ce nouveau rapport permettent donc de sensibiliser les preneurs de décision à l’importance des énergies renouvelables dans le monde actuel. De fait, malgré une tendance globale positive, il n’en demeure pas moins que certains pays ne voient pas forcément l’intérêt direct de se tourner vers les énergies renouvelables. Le rapport présente par exemple que 84% de l’électricité renouvelable est produite par les pays du BRICS, l’Europe et les États-Unis. Pour atteindre les objectifs de Paris, il est donc non seulement important que ces pays continuent de développer ces filières, mais également qu’un plus grand nombre de pays leur emboitent le pas.
Voir les résultats et les impacts de ces filières comme le permet ce rapport est donc un excellent moyen de sensibiliser les différents gouvernements et les différentes populations qu’ils ne sont pas les seuls à œuvrer concrètement pour l’atteinte des objectifs de Paris et que ces efforts donnent des résultats concrets.
À quelques mois de la conférence de Bonn, ce rapport tombe à pic et donne aux participants de la prochaine conférence des parties des données concrètes avec lesquelles travailler pour actualiser les conclusions qui avaient émanées de Paris.
Climate Central. 2017. « Rising Global Temperatures and CO2», [en ligne] http://www.climatecentral.org/gallery/graphics/co2-and-rising-global-temperatures
Murdock, H.E. (2017). « Renewables 2017 Global Status Report – Latest data on renewable available now! », LinkedIn, [en ligne] https://www.linkedin.com/pulse/renewables-2017-global-status-report-latest-data-now-murdock (page consultée le 27 septembre 2017).
GIEC. 2014. « Changements climatiques 2014 : L’atténuation du changement climatique », [en ligne] https://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg3/WG3AR5_SPM_brochure_fr.pdf (page consultée le 27 septembre 2017), p.7.
REN 21. 2017a. « RENEWABLES 2017 GLOBAL STATUS REPORT », [en ligne] http://www.ren21.net/wp-content/uploads/2017/06/17-8399_GSR_2017_Full_Report_0621_Opt.pdf (page consultée le 27 septembre 2017), p.30.
REN 21. 2017b. « About Us », [en ligne] https://www.linkedin.com/pulse/renewables-2017-global-status-report-latest-data-now-murdock (page consultée le 27 septembre 2017).
[1] Traduction libre : L’édition 2017 du rapport révèle une importante transition globale énergétique, avec des nombres records d’installation d’infrastructures d’énergies renouvelables, une baisse rapide des couts - en particulier pour les panneaux photovoltaïques et les énergies éoliennes - ainsi que le détachement de l’économie en pleine croissance et des émissions de dioxyde de carbone reliées à l’énergie pour une troisième année d’affilé. Le développement de moyens innovants et durables de répondre à nos besoins énergétiques sont accélérés par les changements de paradigmes loin d’un monde mené par les combustibles fossiles.
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles publiés et relayés sur le portail Médiaterre de même que dans les réseaux sociaux.
Ce projet est mené par ENvironnement JEUnesse en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pour en savoir plus, veuillez consulter la page dédiée au projet sur le site web d'ENvironnement JEUnesse.
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